patrie se cachaient dans des cavernes pour échapper à la fureur des soldats romains, ou bien ils erraient au hasard dans la campagne, se nourrissant des cadavres étendus sans sépulture dans les champs. La nation juive gisait encore une fois sanglante et mutilée aux pieds d’un vainqueur sans pitié. Ce soulèvement fut son suprême effort pour reconquérir son indépendance. Mais, malgré les ravages effrayants que la guerre avait causés en Palestine, Adrien pensa que les Judéens n’étaient pas encore suffisamment affaiblis et ils continuaient à rester une menace pour Rome. Il conçut un projet qui devait les réduire à une impuissance absolue. Ce projet consistait à anéantir la religion juive et à arracher du cœur des Judéens le souvenir de leurs aïeux et de leur culte. Ce fut Rufus qu’Adrien chargea d’exécuter ce plan. Ce général, qui avait été battu sur les champs de bataille de la Judée, était maintenant appelé à déployer son courage et sa vaillance contre de malheureux vaincus, faibles, désarmés, brisés par la plus effroyable catastrophe. Les armes dont il se servait dans cette lutte étaient les vexations, les persécutions et l’espionnage. Le capitaine qui avait étouffé la rébellion de Barcokeba, Sévère, était retourné en Bretagne. Rufus fit passer la charrue autour de la ville de Jérusalem et sur l’emplacement du temple, où restaient sans doute encore quelques traces des nouvelles constructions que les Judéens avaient commencé à élever. Ce fait eut lieu le 9 du mois d’ab, date qui rappelle aux Juifs tant de souvenirs douloureux, peut-être une année après la prise de Bétar (136). À la place de l’ancienne Jérusalem, probablement un peu plus au nord, à l’endroit où se trouvaient les faubourgs, s’éleva une ville nouvelle. Adrien y établit des vétérans, des Phéniciens et des Syriens. Elle était construite sur le modèle des cités grecques, pourvue de deux places de marché, d’un théâtre et d’autres édifices publics, et divisée en sept quartiers. Adrien put enfin réaliser son plan de transformer la ville sainte en une cité païenne ; il fit placer sa statue sur la montagne de Sion, et il y construisit un temple en l’honneur de Jupiter Capitolin, le dieu protecteur de Rome ; des statues d’autres divinités romaines, grecques et phéniciennes ornaient ou plutôt souillaient les rues Jérusalem. Même le nom si ancien et si vénéré de Jérusalem devait disparaître ; il fut rem-
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