déshonorée. Juda ben Baba ferme la liste de ces martyrs. Ses contemporains professaient pour lui un tel respect qu’ils le considérèrent au moment de sa mort comme pur de tout péché. Craignant que, par suite de l’exécution des principaux savants, la tradition ne disparût en Israël dans le cas où les disciples qui survivaient ne seraient pas ordonnés, Juda résolut de donner l’ordination aux sept élèves survivants d’Akiba. Il se rendit pour cet objet dans une vallée située entre les villes d’Uscha et de Schefaram, en Galilée, imposa ses mains sur la tête des jeunes gens et leur conféra ainsi le titre de docteur et de juge. Des soldats romains, que des délateurs avaient probablement mis sur leurs traces, les surprirent dans l’accomplissement de cette cérémonie. Juda eut à peine le temps d’engager ses jeunes collègues à prendre la fuite ; ils s’y refusèrent d’abord et ne s’y décidèrent que sur ses instances réitérées. Lui-même attendit tranquillement l’arrivée de la petite troupe et s’offrit aux coups des soldats. Son corps fut criblé de coups de lance. La terreur que Rufus inspirait aux Judéens était telle qu’aucun docteur n’eut le courage de prononcer l’éloge funèbre de Juda. — Ainsi finit dans les souffrances et les supplices la deuxième génération des Tannaïtes. Cette génération avait compris un grand nombre de docteurs d’un caractère élevé et d’une intelligence supérieure.
Adrien et son lieutenant Rufus ne persécutaient pas seulement les survivants de la guerre de Barcokeba, ils s’acharnaient même après les morts. Ils défendirent de donner la sépulture à ceux qui étaient tombés sur les champs de bataille, afin que la vue de ces nombreux cadavres terrifiât les Judéens et étouffât en eux toute velléité d’insurrection. Ces corps, qui se décomposaient rapidement sous les rayons d’un soleil ardent, empestaient l’air ; les autorités s’en préoccupaient peu, elles auraient, au contraire, été très satisfaites qu’à toutes les calamités qui avaient désolé la Palestine vînt s’ajouter une épidémie qui exerçât de nouveaux ravages dans ce pays. Mais quelques personnes pieuses parmi les Judéens, qui, comme on sait, ont un respect tout particulier pour les morts, ne purent pas se résigner à cette pensée que les corps de leurs malheureux frères resteraient la pâture des bêtes sauvages et des oiseaux de proie. Il se trouva un homme qui essaya de parler