au cœur de ceux qui, pour vivre en paix avec les Romains, voulaient se conformer à leurs ordres, il s’efforça de leur faire comprendre qu’ils étaient tenus de sacrifier leur repos et leur tranquillité au devoir d’ensevelir secrètement les morts pendant la nuit. Dans ce but, il composa un ouvrage, le livre de Tobit ou Tobias, qui traitait principalement de l’obligation d’enterrer les cadavres qu’un tyran voulait laisser sans sépulture, et de la récompense considérable attachée à l’accomplissement d’un acte si méritoire. Le héros de ce livre est un personnage très pieux, appelé Tobit, qui s’est attiré d’abord de nombreux désagréments pour avoir enseveli des hommes que le roi avait fait exécuter, et que Dieu a comblé plus tard de bénédictions. Le contenu de cet ouvrage ne laisse aucun doute sur l’époque de sa composition, il date certainement du temps d’Adrien.
Les judéo-chrétiens qui, pendant la guerre, étaient établis en grande partie au delà du Jourdain, dans les villes de ce qu’on appelait la Décapole, souffrirent également des suites du soulèvement de Barcokeba. La construction d’un temple païen sur la montagne sainte, fait que la Bible qualifie d’abomination de la désolation, indiquait, selon eux, que le jour du jugement était proche, que le monde allait finir et que Jésus allait réapparaître dans les nuages. Les judéo-chrétiens, et peut-être tous les chrétiens, sans distinction d’origine, étaient confondus par les Romains avec les Judéens et atteints par la persécution qu’Adrien dirigeait contre les communautés juives. Le premier Évangile, composé à cette époque, c’est-à-dire environ un siècle après la mort de Jésus, l’Évangile de Mathieu, dont la partie primitive trahit un auteur judéo-chrétien, dépeint ce temps désastreux sous les plus sombres couleurs. « Lorsque vous verrez l’abomination de la désolation (dont parle Daniel) s’élever à un endroit où elle ne devrait pas se trouver, que tous les habitants de la Judée s’enfuient dans la montagne, que nul de ceux qui se sont réfugiés sur les toits n’en descende pour prendre quelque chose dans la maison ; que celui qui est dans les champs ne revienne, pas en ville pour chercher ses vêtements. Malheur aux femmes enceintes et aux nourrissons ! Plaise au ciel que vous ne soyez pas contraints de prendre la fuite en hiver ou le jour du sabbat ! » Il importait donc à tous les