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gion païenne continuaient à adorer des idoles, il interdit l’usage du vin de tous les Samaritains. — Pour certains délits peu graves, tels que le prêt à intérêt, il était d’avis d’infliger aux coupables une forte amende ; il voulait, par exemple, que le prêteur fût condamné à perdre capital et intérêts. Les aggravations qu’il introduisit dans la législation ne furent acceptées ni par ses contemporains ni par la postérité. Meïr était surtout très sévère pour lui-même, à tel point que, même dans les cas où il n’était pas d’accord avec ses collègues, il n’enfreignait jamais leur défense.

Meïr ne continua pas seulement l’œuvre d’Akiba par sa méthode d’enseignement, il reprit également le travail que son maître avait commencé pour coordonner les différentes lois religieuses. Il groupa les mischnot non pas d’après leur étendue, mais d’après leur contenu ; il rangea méthodiquement et par ordre de matières les halakot éparpillées au hasard et par fragments dans le recueil d’Akiba. Il n’avait cependant nullement la prétention d’imposer son recueil aux différentes écoles ; chaque docteur était libre d’enseigner les halakot dans la forme et dans l’ordre qu’il lui plaisait de choisir. Ce docteur savait rendre son enseignement vivant et attrayant ; ses conférences étaient toujours suivies par un grand nombre de disciples. Il remplaçait de temps à autre l’étude aride des questions juridiques par l’explication des aggadot, qu’il rendait souvent compréhensibles à son auditoire à l’aide de fables qu’il composait pour cet objet. Son école et sa résidence se trouvaient probablement à Ammaüs, près de Tibériade ; il se rendait sans doute à Uscha toutes les fois que le Synhédrin avait à délibérer sur une question importante. Ses rapports avec le patriarche Simon étaient très tendus ; cette circonstance l’engagea à quitter la Judée pour retourner dans son pays natal, en Asie Mineure.

Un collègue de Meïr, Simon ben Yohaï, de la Galilée, était doué, comme lui, d’une intelligence remarquable, mais il possédait des connaissances moins variées. C’est à tort que ce docteur passe pour un thaumaturge et un mystique, et qu’on lui attribue la création de la Kabbale. Sa vie est peu connue ; l’histoire en sait cependant assez pour pouvoir affirmer qu’il n’avait rien d’un mystique ou d’un rêveur, qu’il était au contraire d’un caractère froid et sensé. Sa jeunesse est enveloppée d’une complète obscurité, et