Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/123

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lorsqu’il revint en Palestine avec ses collègues, dont il avait partagé l’exil pendant les persécutions d’Adrien, son activité personnelle se confondit avec les efforts communs tentés par le Synhédrin d’Uscha pour réorganiser le judaïsme. Autant Yohaï paraît avoir été en crédit auprès des autorités romaines, autant son fils Simon était haï d’elles et les haïssait. Accusé par le gouverneur d’avoir médit de la puissance romaine, il fut condamné à la peine capitale. Il échappa à la mort par la fuite, et c’est ce fait qui a donné naissance aux nombreuses légendes qui se sont formées autour du nom de Simon. Cependant, ni ses décisions juridiques, ni ses sentences, ni ses controverses, n’indiquent un esprit rêveur ; il suit au contraire dans son enseignement une méthode qui est tout l’opposé du mysticisme. Ainsi, il explique d’une façon simple et naturelle les prescriptions de la Tora, et ce sont ces explications qui lui servent de point de départ pour déduire de ces prescriptions des lois nouvelles. Cette méthode est certainement plus rationnelle que le système d’Akiba, qui rattachait les nouvelles lois qu’il formulait à des mots, à des syllabes ou à des lettres qui lui paraissaient superflues dans la Tora. Voici un exemple de la façon de raisonner de Simon. La Bible défend d’une manière générale d’opérer une saisie judiciaire chez une veuve. Simon n’applique cette défense qu’à une indigente ; il estime qu’il n’est pas nécessaire de procéder avec les mêmes ménagements à l’égard d’une veuve qui est riche. — Simon était un des rares docteurs qui n’avaient ni métier, ni commerce ; il était le seul de son temps qui se consacrât exclusivement à l’étude de la Loi. Il était établi et enseignait à Tekoa, en Galilée. De nombreux disciples fréquentaient son école, et, comme il survécut à tous ses collègues, son autorité s’étendit au loin et ses décisions furent adoptées par la génération suivante.

Un des docteurs les plus aimés de cette époque était Juda ben Ilaï. Sa modestie, sa souplesse et son éloquence lui acquirent une grande influence, et il parvint à produire une certaine détente dans les relations entre les Romains et les Judéens. Aussi fut-il surnommé le prudent, ou encore le premier des orateurs. Il n’avait aucune fortune, il vivait d’un métier. Ses sentences favorites étaient « que le travail honore l’ouvrier, et que celui