actions des Romains sont inspirées par l’égoïsme et la cupidité ; dans les villes, ils entretiennent des maisons de débauche ; dans les bains, ils se livrent aux orgies, et pour les ponts ils font payer un droit de péage. » On assure qu’un prosélyte, Juda, communiqua cet entretien aux Romains. Juda ben Ilaï, qui avait glorifié les Romains, en fut récompensé ; José, qui s’était tu, fut exilé à Laodicée, et Simon ben Yohaï, le censeur, fut condamné à mort.
L’empereur Lucius Verus prit encore d’autres mesures contre les Judéens ; on raconte qu’il renouvela contre eux les décrets d’Adrien. Il leur interdit, sous peine de mort, d’observer le repos du sabbat et de circoncire leurs fils, et il défendit avec une rigueur toute particulière aux femmes juives de prendre des bains de purification. Ce qu’il y eut encore de plus fâcheux à ce moment, c’est qu’un des docteurs les plus instruits (José) étant exilé et un autre non moins savant (Simon ben Yohaï) étant mis au ban de l’empire, le Collège, dont l’autorité religieuse s’étendait sur tout le judaïsme et qui avait son siège à Uscha, fut obligé de se dissoudre.
Cette période de persécutions ne dura heureusement pas longtemps. On rapporte, en effet, que Simon ben Yohaï, qui s’était enfui après sa condamnation à mort et s’était caché dans une caverne, en put sortir au bout de quelques années sans être inquiété par les autorités romaines. De nombreuses légendes se sont formées autour du séjour que Simon ben Yohaï fit dans cette caverne. Voici à quoi paraît se réduire la réalité. Ce docteur n’eut pendant plusieurs années d’autre nourriture, dans sa cachette, que des caroubes, ce qui nuisit beaucoup à sa santé. Un jour, il apprit que quelque heureux événement avait favorablement modifié la situation des Judéens, — il est à supposer que ce fut la mort de l’empereur Lucius Verus (169), — Simon quitta alors sa caverne et se rendit à Tibériade, où il prit des bains pour rétablir sa santé ; il y guérit. Pour témoigner sa reconnaissance envers les eaux bienfaisantes de cette ville, il déclara que Tibériade, où aucun Juif pieux ne voulait s’établir pendant des siècles, était une cité pure et pouvait être habitée par les plus rigoureux observateurs de la Loi. Ce n’est qu’à partir de cette époque que Tibériade devint réellement une ville juive.