Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/131

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Les lois édictées par Lucius Verus contre les Judéens ne disparurent pas immédiatement avec cet empereur, Simon ben Yohaï fut envoyé à Rome auprès de Marc-Aurèle pour en obtenir l’abolition. Il se fit accompagner dans ce voyage par le fils de José, Éléazar, qui savait probablement parler le latin. La légende, qui suit chacun des pas de Simon, rattache à ce voyage à Rome une aventure merveilleuse. Elle raconte que ce docteur délivra la fille de l’empereur, nommée Lucilla, du démon Bartholomaion dont elle était possédée, et que l’empereur reconnaissant lui permit d’enlever des archives de l’État les documents qui lui conviendraient ; il y prit et détruisit les édits rendus contre les Juifs. Cette légende paraît reposer sur un fait réel. Éléazar ben José, le compagnon de Simon, se vanta, en effet, d’avoir vu à Rome les vases du temple, le diadème du grand prêtre et le rideau du Saint des Saints que Titus avait emportés de Jérusalem en guise de trophées. Il ne fut certainement autorisé que par faveur spéciale à examiner tous ces objets. Il ne faudrait cependant pas en conclure que Marc-Aurèle était l’ami des Judéens. On verra plus loin qu’il se montra, au contraire, plus sévère pour eux que son prédécesseur. Il est possible que les Judéens, dont la haine pour Rome était toujours vivace et qui prenaient part avec empressement à toutes les guerres qui pouvaient affaiblir la puissance de leurs maîtres détestés, aient aidé le prétendant au trône, Avidus Cassius, dans sa lutte contre Marc-Aurèle, et que ce dernier les en ait châtiés en les traitant avec une grande rigueur.