très simplement, et il consacrait sa fortune à subvenir aux besoins des nombreux disciples qui affluaient de la Palestine et du dehors pour suivre ses leçons. Pendant l’effroyable famine qui sévit, en même temps que la peste, sous le règne de Marc-Aurèle, dans tout l’empire romain, le prince juif distribua des vivres parmi les nécessiteux. Il résolut d’abord de n’accorder aucun secours aux hommes ignorants et grossiers et de ne venir en aide qu’à ceux qui s’occupaient de l’étude de la Loi. Mais quand son disciple Jonathan ben Amram, qui craignait de tirer le moindre profit matériel de ses connaissances religieuses, lui eut dit ces paroles : « Nourris-moi non pas pour me récompenser de ce que j’étudie la Tora, mais comme on nourrit un corbeau affamé, » Juda reconnut qu’il avait tort d’imposer des limites à sa bienfaisance, et il répartit immédiatement des secours entre tous ceux qui en avaient besoin. Dans une autre occasion encore, Juda obéit d’abord à un premier mouvement de mauvaise humeur et revint après réflexion à des sentiments plus généreux. Les filles de l’apostat Ahèr, qui étaient dans le besoin, lui demandèrent de les secourir ; il les repoussa d’abord en leur disant que « les orphelins d’un apostat ne méritent aucune pitié. » Sur leur observation que leur père s’était consacré pendant de nombreuses années à l’étude de la Loi, Juda se repentit de ses paroles blessantes et accueillit leur demande.
Supérieur à tous ses collègues par sa fortune et ses connaissances juridiques, Juda réussit facilement à faire conférer au patriarche une autorité sans contrôle et à lui faire octroyer tous les privilèges que possédait auparavant le seul Collège. Après qu’Uscha eut perdu son importance, le siège de l’académie et du Synhédrin fut d’abord transféré, du temps de Juda, à Bet-Schearim, au nord-est de Sepphoris, et plus tard à Sepphoris même. Le patriarche choisit cette dernière ville pour son air pur et son climat salubre ; il espérait pouvoir s’y guérir d’un mal dont il souffrit très longtemps. Il semble qu’à Sepphoris était également établi un grand Conseil de soixante-dix membres, chargé de se prononcer sur les questions religieuses. Mais le Collège professait un tel respect pour Juda qu’il lui accorda plein pouvoir pour prendre à lui seul telle décision qui lui paraîtrait convenable. On lui accorda même ou il se fit accorder l’importante prérogative d’élever les disciples au grade