de juge et de docteur ; il pouvait conférer ces titres sans en délibérer préalablement avec le Collège, tandis que ce dernier était obligé d’en référer à Juda. La nomination des chefs religieux des communautés, des juges et des membres du Collège dépendait donc de la volonté du patriarche. Du temps de Juda, il n’y eut plus au Collège ni vice-président (Ab-Bet-Din), ni orateur public (Haham). Juda, le prince (Hanassi), était tout ; il avait presque le pouvoir d’un pape. Le Synhédrin s’était affaibli lui-même, il n’avait plus qu’une apparence de vie ; le patriarche seul faisait tout. Le respect dont jouissait Juda lui valut le surnom de rabbi, comme s’il eût été le représentant par excellence de la Loi.
Juda étendit encore son autorité en décrétant que nul docteur, quelque savant qu’il fût, n’avait le droit de statuer sur des questions religieuses à moins qu’il n’y fût autorisé par le patriarcat. Cette mesure obligea les communautés juives, palestiniennes ou autres, à s’adresser au patriarche quand elles avaient besoin de fonctionnaires religieux, de juges on d’instituteurs. Ainsi, les habitants de Simonias, ville située au sud de Sepphoris, demandèrent à Juda de leur envoyer un homme qui pût à la fois prêcher, remplir la fonction de juge, surveiller la synagogue, rédiger les contrats civils et religieux, instruire la jeunesse, en un mot, soigner toutes les affaires de la communauté. Le patriarche leur recommanda son meilleur disciple, Lévi ben Sissi. Deux autres disciples de Juda, Raba Bar Hana, de Kafri, et Abba Areka, tous deux Babyloniens, durent également demander préalablement l’autorisation du patriarche pour avoir le droit de statuer sur des questions religieuses ou juridiques dans leur pays. Un seul dignitaire juif occupait une situation aussi élevée que le patriarche, c’était l’exilarque, en Babylonie. Ce dernier avait même une supériorité considérable sur Juda, il était nommé et soutenu par les autorités Parthes, tandis que les Romains toléraient à peine l’existence du patriarcat.
Juda était d’une susceptibilité excessive, il traitait avec la plus grande rigueur les élèves à qui il arrivait, ne fût-ce qu’en plaisantant et sans intention coupable, de le froisser dans son amour-propre. Il recommanda, sur son lit de mort, à son fils de se montrer très sévère pour les disciples, c’est, ce qu’il fit, du reste, lui-même pendant qu’il occupait le patriarcat. Parmi les nom-