Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/137

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Judéens et les Samaritains. Ces derniers allumaient, en effet, des torches sur les montagnes avant le temps voulu afin d’induire les Judéens en erreur. En général, sous le patriarcat de Juda, les rapports des témoins concernant l’apparition de la nouvelle lune avaient bien moins d’importance qu’auparavant pour la fixation des fêtes. On tenait surtout compte des calculs astronomiques pour en déterminer la date, l’audition des témoins n’avait plus qu’un intérêt secondaire. Aussi Juda recevait-il la déposition de personnes qui auparavant étaient jugées indignes de témoigner. Ce n’était plus le patriarche lui-même qui proclamait la néoménie, mais son suppléant. À cette époque, cette proclamation avait lieu à Eïn-Tab, qui se trouvait dans la province de Judée, probablement tout près de Lydda.

Juda facilita également au peuple l’accomplissement des pratiques relatives à l’année sabbatique et aux dîmes. Malgré la chute de l’État juif, ces lois étaient restées en pleine vigueur, mais elles pesaient très lourdement sur les Judéens, appauvris par la guerre, les épidémies et les impôts de tout genre. Juda ne les abolit pas entièrement, mais il en allégea les charges. Le patriarche déclara, d’un autre côté, que le territoire de certaines villes frontières, qui avait été considéré jusque-là comme appartenant à la Judée, n’en faisait plus partie, il exempta ainsi les récoltes de ce territoire des impôts qui frappaient les produits du sol de la Palestine. Ces villes n’avaient pas toujours appartenu à la Judée, elles étaient peuplées en grande partie de Grecs et de Romains. Juda fut blâmé de cette réforme par sa propre famille ; il répondit simplement : « Mes aïeux m’ont légué le soin d’accomplir cet acte. » Il était même disposé à abolir totalement les lois concernant l’année sabbatique, mais il ne voulut pas prendre une mesure d’une telle gravité sans avoir consulté préalablement l’opinion de ceux qui lui paraissaient y être opposés. Il en parla à Pinhas ben Jaïr, gendre de Simon ben Yohaï et homme d’une piété sévère et méticuleuse, qui observait surtout très strictement les lois relatives au prélèvement des dîmes. C’était probablement une année où la récolte s’annonçait comme devant être mauvaise. Le patriarche dit à Pinhas : « Il y aura manque de blé. — L’endive a parfaitement réussi, » répliqua Pinhas, il voulut dire par là que s’il