Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou définitions, empruntées au domaine général des connaissances de cette époque, étaient rendues très fidèlement dans cette langue.

La Mischna n’était nullement destinée dans la pensée de son auteur à devenir le code définitif de la loi orale, Juda ne l’avait composée que pour son usage personnel ; il voulait s’en servir en quelque sorte comme d’un fil conducteur pour ne pas s’égarer dans son enseignement au milieu de ce dédale de milliers de halakot. Mais l’estime et le respect dont Juda jouissait auprès de ses contemporains et de ses disciples se reportaient sur son œuvre, elle éclipsa toutes les autres compilations de ce genre et les fit tomber dans un complet oubli. Elle porta également l’ancien titre de Mischna, mais avec cette mention additionnelle : di rabbi Juda. Peu à peu cette addition disparut, et le recueil de Juda fut considéré comme la Mischna par excellence. Les disciples du patriarche propagèrent son œuvre dans les régions lointaines, ils l’utilisèrent comme texte pour leurs conférences et comme code religieux et juridique. La Mischna de Juda ne fut pas plus mise par écrit que ne l’avaient été les mischnot précédentes, elle se transmit pendant plusieurs siècles par la seule force de la tradition orale. Il était en effet défendu de mettre la tradition par écrit. Quelques docteurs mirent bien par écrit quelques lois rares ou singulières, mais ils le firent avec tant de mystère que les rouleaux où ces lois furent transcrites eurent le nom de rouleaux des secrets. — Dans sa vieillesse, Juda soumit son travail à un nouvel examen et y introduisit les modifications qui s’étaient produites dans quelques-unes de ses opinions. Le fils de Juda, Simon, ajouta de son côté, après la mort de son père, de nouvelles halakot à la Mischna.

La tradition religieuse trouva dans le recueil de Juda son expression définitive. S’étant présentée pour la première fois à l’époque des Maccabées comme un élément sérieux de l’histoire du judaïsme, elle était restée pendant quatre siècles vague et indécise. Affirmée par les Pharisiens, niée par les Sadducéens, resserrée dans des limites très étroites par l’école de Schammaï, élargie et développée par l’école de Hillel, elle fut définitivement fixée par Juda, et pendant une longue série de siècles elle exerça