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les pèlerins qui se rendaient à Jérusalem, et maintenant tu es obligé d’entretenir les maisonnettes des gardiens romains dans les vignes qu’ils se sont appropriées ! »

Les membres survivants de la famille royale d’Hérode, Agrippa et sa sœur Bérénice, paraissent avoir contribué à adoucir les souffrances du peuple vaincu. Bérénice, dont la beauté semblait défier le temps, sut retenir longtemps Titus captif de ses charmes et de sa séduction, et il s’en fallut de peu que la princesse juive ne devînt impératrice romaine. Le préjugé de l’orgueil romain contre son origine judaïque et barbare fut le seul obstacle à l’union de Bérénice et de Titus, et il força ce dernier à rompre des relations qui avaient duré de nombreuses années. Bérénice dut s’éloigner du palais impérial, elle retourna sans doute auprès de son frère en Palestine. Elle garda cependant toute son influence sur Titus, qui n’avait pas encore renoncé à l’espoir de l’épouser, et elle dut intervenir souvent en faveur de ses malheureux coreligionnaires pour lesquels elle avait gardé un sincère attachement. Agrippa, le dernier roi des Judéens, avait gagné la faveur de Vespasien par les services qu’il avait rendus, pendant la guerre, à la maison des Flaviens, et il est probable que ses anciennes possessions s’agrandirent alors du territoire de la Galilée. Il plaça à la tête de cette province un gouverneur judéen, fort pieux, qui résidait alternativement dans une des deux villes principales de la Galilée, à Tibériade et à Sepphoris, et, grâce à un gouvernement sage, il parvint à relever rapidement la Galilée, dont la population fut bientôt plus nombreuse que celle de la Judée administrée par un lieutenant romain (Hegemon). Peu à peu, on vit la Judée elle-même renaître de ses ruines, des villes ravagées ou dépeuplées par la guerre redevinrent florissantes, Lydda (Diospolis), comme ville de commerce, Emmaüs (autrefois Guimzo) et, à l’est Jéricho, acquirent une importance considérable. Le travail des champs reprit aussi avec une nouvelle vigueur, les Judéens ayant été autorisés à racheter ou à prendre à ferme les terres données aux Romains. Cette modération relative du vainqueur envers les vaincus était due, sans aucun doute, à l’intercession du roi Agrippa et de sa sœur.

Agrippa avait été haï par les zélateurs, mais les docteurs de la Loi lui avaient témoigné de l’amitié. Lorsqu’il était venu, un jour, du nord