pendant quatre ans la pourpre impériale (218-222), et qui résolut, dans sa folie criminelle, de destituer les dieux romains et les Césars, voulut introduire publiquement dans Rome, en les subordonnant naturellement à Baal, son dieu du soleil, les cultes juif, samaritain et chrétien. Désireux de suivre fidèlement les pratiques de Baal, dont il se déclarait le prêtre, il se fit circoncire et s’abstint de manger de la viande de porc. C’est ce qui donna naissance au bruit répandu dans toute la Palestine qu’un empereur romain, un Antonin, s’était converti au judaïsme.
Tous ces empereurs ne favorisaient pas ouvertement les Judéens, mais ils adoucissaient dans la pratique les mesures rigoureuses que Sévère avait édictées contre le judaïsme. Janaï, un disciple du patriarche Juda Ier, caractérisa la situation politique des Judéens de cette époque par ces paroles : « Nous ne sommes ni heureux comme des méchants, ni malheureux comme des justes, c’est-à-dire le gouvernement romain ne nous favorise ni ne nous persécute. » Ce fut cependant à cette époque que les agriculteurs juifs furent privés du privilège que leur avait accordé Jules César de ne pas payer d’impôt sur la récolte (annona) pendant l’année sabbatique. Mais l’abolition de ce privilège n’avait aucune cause religieuse, elle faisait partie d’un ensemble de mesures fiscales que Caracalla fut obligé de prendre pour améliorer la situation financière de l’État ; elle eut probablement lieu pendant la guerre que cet empereur fit aux Parthes en l’année 216-217, qui était précisément une année sabbatique. Les Judéens souffraient vivement de cette nouvelle loi, qui les obligeait à payer des impôts même pendant les années où leurs champs devaient rester eu friche. Janaï, qui dirigeait une école à Sepphoris, décida alors qu’il était permis de se livrer aux travaux d’agriculture pendant l’année sabbatique, et il justifia sa décision par cette raison que Caracalla n’avait pas l’intention de faire transgresser aux Judéens une loi religieuse, mais cherchait à augmenter le rendement des impôts.
Pendant qu’il fit la guerre aux Parthes, Caracalla ou son meurtrier Macrin, qui régna pendant un an (avril 217 - juin 218), traita les Judéens avec une grande bienveillance ; il espérait ainsi gagner à la cause romaine les nombreux Judéens établis entre le Tigre et l’Euphrate. Le fils et successeur du patriarche Juda,