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Pour protéger les dogmes de l’Église contre ces railleries et mettre les docteurs chrétiens en état de discuter sérieusement avec les Judéens, Origène entreprit la tâche épineuse de corriger le texte altéré et défectueux des Septante et de le publier avec le texte original de la Bible. Il compara, à cet effet, les traductions d’Aquilas, de Symmachus, de Théodotion et de trois autres auteurs, et il les plaça l’une à côté de l’autre en colonnes, dont les premières étaient occupées par le texte hébreu transcrit en caractères hébreux et en caractères grecs. Ce travail porte le nom d’Hexaples (Sextuple). Malgré les efforts d’Origène pour la rendre plus correcte, la version des Septante resta altérée comme auparavant, elle devint même encore plus défectueuse, car il s’y glissa plus d’un passage qui appartenait à une des traductions publiées à côté de celle des Septante. Du reste, les dogmes chrétiens n’auraient pas supporté la lumière trop éclatante de la vérité ; ils avaient besoin, pour pouvoir subsister, de la confusion et de l’obscurité. La religion chrétienne est fondée sur ce verset d’Isaïe : « Une jeune fille est enceinte, elle mettra au monde un fils. » Le texte hébreu ne connais pas la vierge immaculée, dont la disparition entraînerait l’écroulement du christianisme ; cette vierge n’existe que dans la traduction corrompue de la Bible, et voilà pourquoi il était indispensable que cette traduction restât altérée.

La plupart des docteurs palestiniens s’occupèrent très peu d’exégèse biblique ; leur activité se concentra spécialement sur l’étude de la loi orale, c’est-à-dire de la Mischna. Ce dernier ouvrage était rédigé avec une grande concision ; de plus, il contenait des mots devenus obscurs, il rapportait des lois qui n’étaient plus pratiquées, quelques-unes de ses parties exigeaient une attention particulière et une certaine érudition pour être comprises. Les chefs d’école s’appliquèrent tout d’abord à rendre plus claire la rédaction concise et souvent obscure de la Mischna ; ce qui leur fit donner le nom d’Amoraïm, commentateurs. Mais ce n’était là qu’une partie de leur tâche ; ils se détachèrent peu à peu du texte de la Mischna et se frayèrent des voies nouvelles. Ils traitèrent la Mischna comme les Tannaïtes avaient traité la Tora ; ils analysèrent, découpèrent et disséquèrent le texte, et, à leur