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naire de Batanea, fit un commentaire sur le livre Daniel, qui était plutôt une œuvre de polémiste que d’exégète. Il y soutint que le livre de Daniel supposait un auteur contemporain d’Antiochus Épiphane, cet ennemi implacable des juifs et du judaïsme, et que les passages énigmatiques de cet ouvrage s’appliquaient aux événements de cette époque, mais n’étaient nullement des prophéties et surtout ne faisaient aucune allusion au christianisme.



CHAPITRE VII


les judéens dans les pays parthes
(219-257)


À l’époque où Juda II occupait le patriarcat en Palestine, les communautés juives de la Babylonie prirent un développement considérable et commencèrent à jouer le premier rôle dans l’histoire du judaïsme de ce temps. La Babylonie, cette Italie de l’orient, dont la capitale avait d’abord été, comme Rome, la maîtresse du monde et avait succombé ensuite sous les flots des envahisseurs, et dont le nom avait brillé au loin, même après sa décadence, d’un prestige magique, ce pays admirable, où s’étaient établies une première fois les tribus expulsées de la Palestine, devint le centre de la pensée juive. Cette région fertile, qui s’étendait entre le Tigre et l’Euphrate, éclipsa totalement la Judée. L’accueil bienveillant qu’elle fit aux Judéens adoucit pour eux l’amertume de l’exil, elle les traita comme ses propres enfants, et les docteurs s’y livrèrent à l’étude de la Loi avec une ardeur nouvelle. C’est que les Judéens, sous la domination des souverains Parthes et persans, jouissaient presque d’une complète autonomie, ils avaient à leur tête un chef indépendant. La sécurité que leur assurait cette situation politique, jointe à une étonnante vitalité que n’avaient pu affaiblir ni les vexations ni les persécutions, stimula vivement leur activité intellectuelle et lui imprima une puissante impulsion. Sous