nouvelle ardeur pour l’étude. Deux d’entre eux, Rab et Mar-Samuel, transplantèrent l’enseignement de la Loi dans leur pays d’origine, et y organisèrent des écoles. Ces écoles subsistèrent avec des fortunes diverses pendant plus de huit siècles, et c’est encore l’influence de l’enseignement de ces docteurs qui ranima plus tard l’activité intellectuelle dans l’Espagne juive.
Rab, ou plutôt Abba Areka, avait suivi son oncle Hiyya à Sépphoris ; là, il fréquenta son école et profita si bien de son enseignement que le patriarche Juda Ier, qui, certes, ne prodiguait pas les dignités, lui accorda le titre de docteur. Dès que l’annonce de son retour de Palestine se fut répandue en Babylonie, son condisciple Mar-Samuel, qui était revenu avant lui, et son ami Karna allèrent à sa rencontre ; Karna surtout l’accabla de questions. Le roi Parthe Artaban, le dernier des Arsacides, qu’une nouvelle dynastie allait précipiter du trône et priver de la vie, traita Rab avec une grande bienveillance ; il espérait probablement qu’à la suite de l’établissement d’une école importante en Babylonie, les Judéens n’émigreraient plus, ou, au moins, émigreraient en moins grand nombre dans l’empire romain. Même le docteur qui était alors à la tête de l’école de Nehardea, Schèla, reconnut la supériorité de Rab. Ce dernier, à la mort de Schèla, fut nommé son successeur, mais il se retira devant son jeune collègue, Mar-Samuel, qui était originaire de Nehardea.
L’exilarque qui détenait alors le pouvoir paraît avoir appelé principalement des savants babyloniens aux fonctions dont il disposait. Il éleva à la dignité de juge du tribunal de Kafri un de ses parents, Mar-Ukba, qui était riche, habile jurisconsulte, très modeste et digne à tous égards de la fonction qu’il occupait. Karna fut également nommé juge ; comme il était peu fortuné, il se faisait dédommager par les diverses parties du temps qu’elles lui faisaient perdre. Abba Areka devint surveillant du marché (Agoranomos) ; il fut chargé d’inspecter les poids et mesures. L’exilarque voulut qu’Abba Areka fixât également le prix des denrées, afin d’empêcher le renchérissement des vivres. Sur son refus, il fut mis en prison et n’en sortit qu’à la suite des démarches pressantes de Karna auprès de l’exilarque. Son emploi d’inspecteur du marché obligeait Abba Areka à se rendre souvent dans les divers