et il étudia l’astronomie avec son ami Ablaat. L’immense plaine qui se développe entre le Tigre et l’Euphrate et dont le vaste horizon n’est borné par la moindre colline était le berceau de l’astronomie ; cette science dégénéra bientôt, dans cette région, en astrologie. Samuel était trop pénétré des idées juives pour accorder quelque crédit à l’astrologie ; il ne s’occupa que de l’observation et de l’étude sérieuse des corps célestes. « Les voies du ciel, dit-il, me sont aussi familières que les rues de Nehardea, » mais il ajouta qu’il ne savait pas calculer la marche des comètes. Il utilisa ses connaissances astronomiques pour établir un calendrier qui permettait aux juifs babyloniens de fixer les fêtes sans attendre que la Palestine les informât chaque fois de l’apparition de la nouvelle lune. Samuel ne publia pas ce calendrier, probablement par respect pour le patriarche et pour ne pas rompre l’unité du judaïsme, et on continua à considérer les calculs du calendrier comme une science secrète (Sod ha-ibbut). On sait que Samuel exerçait la médecine, mais aucun document ne donne d’indication précise sur ses connaissances médicales ; il prétendait pouvoir guérir toutes les maladies, à l’exception de trois.
L’éclat dont brillait l’académie de Sora, organisée par Rab, faisait pâlir la renommée de l’école de Mar-Samuel. Mais la plus cordiale entente ne cessa de régner entre les deux docteurs, et Samuel, qui était d’une rare modestie, céda en toute circonstance le pas à Rab et se soumit à son autorité. Après la mort de ce dernier, Mar-Samuel fut reconnu comme le seul chef religieux de la Babylonie ; il conserva cette dignité pendant dix ans. Johanan, qui était en Judée, hésita d’abord à le traiter en supérieur. Dans les lettres qu’il envoyait en Babylonie au nom de l’école de Tibériade, il appelait Rab : Notre maître en Babylonie, et Mar-Samuel : Notre collègue. Mar-Samuel lui fit alors parvenir un tableau où il avait indiqué les dates des fêtes pour une durée de soixante ans : « C’est un très habile mathématicien, » se contenta de dire Johanan. Mais lorsqu’il eut soumis à Johanan ses recherches sur un nombre considérable de cas douteux de maladies qui pouvaient se présenter chez les animaux et les rendre, d’après les prescriptions talmudiques, impropres à la consommation, son autorité fut reconnue même en Judée.