ment envers les chrétiens établis dans la partie supérieure de la Mésopotamie, dans les districts de Nisibis et d’Édesse, où ils avaient fondé des écoles. Les Judéens n’échappèrent pas aux mesures vexatoires des mages, et seules leur importance numérique, leur centralisation et leur énergie les préservèrent d’une persécution plus grave. Dans l’ivresse de leur triomphe, les néo-Perses enlevèrent aux tribunaux juifs le droit de se prononcer dans les affaires criminelles, qu’ils avaient jugées jusque-là, ils fermèrent aux Judéens l’accès de toutes les fonctions, même de celle d’inspecteur des fleuves et des canaux, et ils exercèrent une certaine contrainte sur les consciences. Ainsi, pendant les fêtes où, dans les temples consacrés au culte du feu, les mages adoraient la lumière comme image visible du dieu Ahura-Mazda, ils ne permettaient pas aux Judéens d’entretenir dans leur demeure du feu dans l’âtre ou d’allumer une lumière ; ils faisaient irruption dans leurs maisons, éteignaient tout feu et toute lumière, et enlevaient des tisons enflammés pour les offrir à leur dieu. Ils ouvraient les tombes pour exhumer les cadavres, parce qu’ils croyaient qu’un corps mort souillait la Spenta-Armaita (la terre divine). Aussi la plupart des docteurs se montrèrent-ils hostiles aux néo-Perses. Johanan craignit vivement que ce peuple ne maltraitât les Judéens de la Babylonie. Le patriarche Juda II s’enquit avec inquiétude du caractère des néo-Perses auprès de Lévi ben Sissi, qui faisait souvent le voyage de Judée en Babylonie. « Les Parthes, lui dit ce docteur, ressemblent aux armées du roi David, les néo-Perses, au contraire, sont de vrais démons. » La tolérance prévalut cependant peu à peu, les Juifs se réconcilièrent avec les néo-Perses, entretinrent avec eux des relations amicales, se départirent même en leur faveur de la stricte observance de certaines lois religieuses et prirent part dans diverses circonstances à leurs repas. Les docteurs autorisèrent les Judéens à fournir aux mages, pendant leurs fêtes, les charbons dont ils avaient besoin, s’écartant ainsi de l’ancienne loi qui considérait un tel acte comme une participation au culte du feu. Rab lui-même, malgré sa sévérité, permettait de transporter le soir de sabbat, sur la demande des mages, les lumières de Hanuka de la cour dans l’intérieur de la maison. Ces rapports amicaux entre
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