Perses et Judéens s’établirent sans doute sous le règne de Schabur Ier (242-271). Ce souverain était l’ami de Mar-Samuel. Il affirma à ce docteur que dans les divers combats qu’il avait livrés aux Romains dans des provinces habitées par une nombreuse population juive, il n’avait jamais versé le sang d’aucun Judéen, excepté à Césarée (Mazaca), la capitale de la Cappadoce, où il en avait fait passer plusieurs milliers au fil de l’épée, parce qu’ils avaient défendu avec trop de ténacité la cause des Romains contre les Perses.
Pendant que ces faits se passaient en Babylonie, éclata dans l’empire romain une révolution qui influa, de son côté, sur les destinées du judaïsme. Après la mort d’Alexandre Sévère, Rome devint la proie d’une effroyable anarchie. Dans un demi-siècle (235-284), près de vingt Césars et autant d’usurpateurs avaient occupé le trône et risqué leur vie pour réaliser, ne fut-ce que pendant un jour, leur rêve de revêtir la pourpre impériale et décréter librement des exécutions en masse. L’heure de la revanche avait sonné. De tous les pays que Rome avait autrefois soumis se présentaient des candidats au trône pour dompter à leur tour la Babylone italienne. C’étaient des oiseaux de proie qui se jetaient sur l’État romain comme sur un corps en décomposition. Au temps de Mar-Samuel (248), le criminel empereur Philippe, Arabe de naissance et brigand de race, put encore célébrer le millième anniversaire de la fondation de Rome ; mais, déjà, Rome était partout, dans tous les camps, dans toutes les stations militaires, excepté dans Rome même. Le Sénat acceptait avec une singulière résignation tous les empereurs qui plaisait aux caprices des légions de lui envoyer, et il sanctionnait servilement leur nomination. Les Parthes, d’un côté, et les Goths, de l’autre, envahissaient en foule l’empire romain, comme s’ils étaient chargés de lui infliger le châtiment dont l’avaient menacé les Sibylles.
Rome subit encore la honte de voir son empereur, Valérien, enchaîné comme esclave au char de triomphe de Schabur. La captivité de Valérien et la faiblesse de son fils et successeur Gallien relâchèrent partout les derniers liens de la discipline ; il n’y eut plus ni autorité, ni obéissance ; pendant