affaires juridiques. Sous Juda III, l’audition des témoins venus pour annoncer l’apparition de la nouvelle lune était devenue une pure formalité. Ami voulut rendre à cet acte son ancienne importance, mais le patriarche lui dit que Johanan avait déclaré que, dans le cas où, d’après les calculs astronomiques, le trentième jour du mois était en même temps le premier jour du mois suivant, il était permis de faire attester par des personnes qui n’avaient en réalité rien vu, qu’elles avaient aperçu la nouvelle lune. Quoique le sud de la Palestine eût perdu depuis quelque temps sa supériorité, surtout depuis que le siège du patriarcat avait été établi dans la Galilée, au nord, il avait cependant conservé un privilège. C’est, en effet, à Ein-Tab, près de Lydda, dans le sud, que résidait un délégué du patriarche chargé de fixer les néoménies et les fêtes et de proclamer les années embolismiques. Sous Gamaliel IV ou Juda III, le sud perdit ce privilège, et c’est en Galilée qu’on fixa dorénavant le calendrier. Mais les dates des fêtes étaient établies principalement d’après la marche du soleil et de la lune, l’audition des témoins avait si peu d’importance que sous les successeurs de Juda elle cessa de faire partie des fonctions qui incombaient au patriarche. Juda s’attacha, surtout à organiser les communautés et les écoles, il chargea trois des principaux amoraïm, Ami, Assi et Hiyya, de visiter les villes de la Judée afin de s’y rendre compte de la situation des institutions religieuses et scolaires, et de les raffermir là où elles menaçaient ruine. Ces docteurs arrivèrent un jour dans une ville où il n’y avait ni instituteurs, ni chefs religieux. Comme ils demandèrent à voir les gardiens de la ville, on leur présenta les surveillants. « Ce ne sont pas là, dirent-ils, les gardiens, mais les destructeurs de la ville, les véritables gardiens sont ceux qui instruisent le peuple et la jeunesse. La garde veille en vain au salut de la maison, si Dieu lui-même ne la protège pas. »
On accuse le patriarche Juda ou son entourage d’avoir vendu par cupidité des dignités aux riches, et d’avoir refusé l’ordination à des savants pauvres. Ce ne fut certes pas l’amour de l’argent, mais une implacable nécessité qui fit agir Juda ainsi ; il fut contraint de solliciter le concours des riches pour l’entretien de la maison du patriarche et des écoles. Le nombre et la fortune des Judéens