clétien. Cet empereur, dont l’énergie retarda de quelques années la chute de la puissance romaine, n’était pas hostile aux juifs ; il haïssait seulement les chrétiens, parce qu’il croyait que leur lutte opiniâtre contre la religion de l’État et leur ardeur à faire des prosélytes étaient les seules causes de la désorganisation de l’empire. Les édits rigoureux qu’il promulgua dans les dernières années de son règne (303-305) pour contraindre les chrétiens à adorer les divinités païennes, pour fermer leurs églises et interdire leurs assemblées religieuses, frappèrent également les Samaritains, mais n’atteignirent pas les juifs. Aussi ces derniers eurent-ils de nombreux envieux qui les calomnièrent auprès de Dioclétien ; ils lui rapportèrent, entre autres, que le patriarche et son entourage se moquaient de son origine obscure, et plaisantaient sur son nom de aper. On raconte que l’empereur, irrité, ordonna au patriarche et à quelques notables juifs de se trouver le samedi soir chez lui, à Panéas, à cinq milles environ de Tibériade ; cet ordre ne fut transmis au patriarche que le vendredi soir, de sorte qu’il se trouva dans l’alternative de faire ce voyage le jour du sabbat ou de désobéir à l’empereur. Il arriva cependant avec sa suite, à l’heure fixée, à Panéas ; mais Dioclétien, probablement pour les plaisanter sur la malpropreté dont on accusait les juifs, refusa de les recevoir avant qu’ils n’eussent pris des bains pendant quelques jours. Amenés enfin devant Dioclétien, Juda et sa suite protestèrent de leur dévouement pour lui et lui démontrèrent la fausseté des accusations dirigées contre eux. L’empereur leur pardonna et les congédia.
C’est à cette époque que les Samaritains, contraints par Dioclétien à sacrifier, comme les chrétiens, aux idoles, furent définitivement et totalement exclus de la communauté juive. Par une funeste fatalité, Judéens et Samaritains, qui auraient dû entretenir entre eux des relations cordiales, n’avaient jamais pu s’entendre, et leur antagonisme s’était montré plus profond et plus violent toutes les fois que les circonstances auraient dû les rapprocher. Après la destruction du temple, leurs relations mutuelles étaient excellentes, les Samaritains étant considérés sous beaucoup de rapports comme des observateurs rigoureux de la loi juive. Les persécutions d’Adrien les attachèrent encore plus étroitement aux