tique de la charité. Dans sa maison, on cuisait jour et nuit du pain pour les pauvres ; sa demeure avait quatre entrées, une de chaque côté, afin que les indigents pussent y pénétrer facilement ; ils y entraient avec la faim et en sortaient rassasiés. Dans la rue, il avait toujours la bourse à la main pour ne pas faire attendre les pauvres honteux qui lui demanderaient l’aumône. Pendant une année de disette, il fit placer du blé devant la porte de ceux qui n’osaient pas tendre la main. Avait-on besoin d’argent pour payer une lourde contribution, on s’adressait à Hama, qui ne refusait jamais la somme demandée. Malgré ses immenses richesses, il était d’une grande modestie, et quand il vit revenir Huna, chargé de sa bêche, il voulut se saisir de l’outil pour le porter. Huna ne le lui permit point : « Tu n’as pas l’habitude, dit-il, de porter des instruments aratoires dans ta ville, je ne veux donc pas que tu le fasses ici. » Plus tard, Huna devint très riche, et il fit de sa fortune un très noble emploi. Pendant les temps d’orage, quand la tempête soufflait sur la ville, il parcourait les rues en litière pour inspecter les maisons, et il faisait abattre les murs qui menaçaient ruine. Dans le cas où le propriétaire ne pouvait pas faire rebâtir à ses frais l’édifice démoli, Huna mettait les ressources nécessaires à sa disposition. Aux heures des repas, ses domestiques ouvraient toutes grandes les portes de la maison et disaient à voix très haute : « Que ceux qui ont faim entrent ici, ils seront rassasiés. » Il contribuait à l’entretien de très nombreux disciples indigents qui fréquentaient son école, située à Sora. Ses conférences étaient suivies par huit cents élèves, il avait besoin de treize meturguemanim pour que ses paroles pussent être entendues de tout l’auditoire.
Ce fut Huna qui organisa le judaïsme babylonien, et cette organisation subsista pendant huit siècles. Il établit naturellement une hiérarchie parmi les fonctionnaires. Les assemblées convoquées pendant certains mois de l’année pour suivre l’enseignement des docteurs portaient le nom de metibta, le chef de l’assemblée s’appelait Resch metibta (recteur) ; après lui, venaient les Reschè halla (professeurs), chargés de donner des explications préparatoires, pendant les trois premières semaines des mois de Kalla, sur le sujet que le chef de l’école voulait déve-