du nord, des frontières de la Chine, portant dans son flanc un orage qui secoua violemment l’État romain, le renversa et couvrit la terre de ses débris. On vit s’avancer la horde sauvage des Huns, le fléau de Dieu, chassant devant eux des tribus aux noms inconnus, des peuplades aux mœurs étranges. Ce mouvement irrésistible qui poussait des masses considérables vers de nouvelles régions rappelait ces paroles du prophète : « La terre chancelle comme un ivrogne, elle succombe sous le poids de ses péchés, elle tombe sans pouvoir se relever, et le Dieu Zebaoth punira les armées célestes dans le ciel et les princes de la terre sur la terre. » Dans ces innombrables Huns qui se précipitèrent sur l’empire romain et le firent tomber sous leurs attaques, les Juifs voyaient l’armée de Gog dont parle le prophète, s’élançant du pays de Magog « avec la vitesse de l’ouragan, avec la rapidité du nuage, pour couvrir la terre, » et ce va-et-vient des peuples, ce spectacle d’un empire qui disparaissait, d’un autre qui se formait, leur fit croire, avec une nouvelle conviction, à l’éternité de la nation juive. « Un peuple se lève, un autre s’évanouit, et Israël subsiste toujours. » Mais, d’un autre côté, la vue de ces changements fit reconnaître aux chefs religieux du judaïsme, eu Palestine comme en Babylonie, la nécessité impérieuse de mettre en sûreté le trésor qui leur était confié et de le soustraire à l’influence des variations qui pourraient se produire dans l’histoire des peuples ; ils comprirent que le temps était venu de récolter ce que leurs prédécesseurs avaient semé, de réunir et de coordonner les matériaux considérables accumulés pendant plusieurs générations et par diverses écoles. À la tête de ce mouvement se trouvait Aschi.
Rabbana Aschi (né en 352, mort en 427), originaire d’une famille très ancienne et très riche, était remarquablement doué. À l’âge de vingt ans, il fut placé à la tête de l’école de Sora, où il parvint à attirer de nouveau de nombreux élèves. Le local de l’école menaçant ruine, il le fit entièrement reconstruire, et, pour activer les travaux, il les surveilla jour et nuit jusqu’à leur complet achèvement. Sur son ordre, les ouvriers donnèrent à ce bâtiment une grande hauteur ; il dominait les autres édifices de la ville. — Aschi joignait à la dialectique pénétrante de l’école de Pumbadita la vaste érudition des docteurs de Sora ; son autorité religieuse était