reconnues. Il se heurta dans cette tentative de réconciliation à de très vives oppositions. Les discussions se prolongèrent, paraît-il, pendant trois ans et demi dans la vigne de Jabné, chaque parti maintenant ses traditions comme étant seules conformes à la vérité ; les Schammaïtes se montraient particulièrement obstinés et, comme le fondateur de leur école, ils ne savaient pas céder. Il se fit alors entendre, d’après la tradition, une voix mystérieuse (Bat Kol) qui était considérée dans les cas difficiles et les situations désespérées comme l’expression de la volonté divine et qui, cette fois encore, mit fin au différend des docteurs. « Les doctrines des deux écoles, dit cette voix, émanent du Dieu vivant, mais dans la pratique, les doctrines de Hillel doivent seules avoir force de loi. » La plupart des docteurs se soumirent d’un accord tacite à cette décision, sans qu’il y ait eu cependant un vote formel à ce sujet. Josua se prononça contre une résolution qui n’avait été acceptée que pour obéir au Bat Kol. « En pareille matière, dit-il, nous n’avons pas à écouter une voix miraculeuse, la Loi n’a pas été donnée pour les habitants du ciel, mais pour les hommes, et ces derniers ne peuvent trancher les questions controversées que par le vote ; ce n’est pas un miracle qui peut nous dicter notre résolution. » Éliézer refusa également de tenir compte du Bat Kol. Mais cette opposition n’eut aucune suite, les traditions, les explications, les déductions et les règles d’interprétation de Hillel furent définitivement admises. Comme les Schammaïtes avaient appartenu au parti des zélateurs, aux adversaires de la puissance romaine, et les Hillélites au parti de la paix, cette union des deux groupes mit fin dans une certaine mesure à la révolution au sein du Synhédrin de Jabné. On ne voulut cependant pas contraindre les Schammaïtes à se soumettre totalement et à se conformer dans leur manière de vivre à la décision prise par la majorité du Conseil, ils restèrent libres de vivre selon leurs convictions. « Chacun peut suivre à son choix, fut-il dit, les doctrines de Schammaï ou celles de Hillel, mais, pour l’enseignement, les décisions de Hillel sont seules valables. »
La réconciliation des deux écoles était probablement due aux efforts de Gamaliel. Ce docteur veillait avec un soin jaloux sur son œuvre et combattait avec énergie toute opposition à une prescrip-