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plus, pour la fixation de la néoménie et des fêtes qui en dépendaient, d’après ses calculs astronomiques que d’après le témoignage de ceux qui déclaraient avoir aperçu la lune dans sa première phase. C’était une tradition dans la maison du Nassi de s’occuper de ces questions d’astronomie.

Gamaliel se rendait souvent dans les communautés pour examiner par lui-même leur situation et s’informer de leurs besoins. Il ne bornait pas ses visites aux seules communautés de la Judée, il allait jusqu’en Galilée et à Acco (Ptolémaïs). Sa santé était chancelante, mais il supportait volontiers les fatigues pour assurer le bien-être de son peuple. Sous son patriarcat régnait à l’extérieur comme à l’intérieur une agitation incessante, ce qui l’obligeait à déployer une fermeté parfois inflexible et une sévérité impitoyable. C’est ainsi que son caractère a été totalement méconnu et qu’il a été accusé, bien injustement, de despotisme et d’ambition personnelle. Il s’appliquait avec persévérance à faire de la résidence du patriarche le centre de la vie juive, et à maintenir ainsi contre toutes les attaques l’unité de l’enseignement religieux et moral. Les dissidences entre les disciples de Schammaï et de Hillel allaient en s’aggravant, et il était indispensable de prendre des mesures pour arrêter une scission qui menaçait de devenir complète. À ce moment, la Judée semblait une sorte de vaste laboratoire où le christianisme commençait à se former et à se cristalliser, où d’autres sectes naissaient et se développaient. Il était donc plus nécessaire que jamais de raffermir l’unité du judaïsme si fortement ébranlée par la rivalité passionnée des deux écoles et par leur persistance opiniâtre à vouloir faire triompher les doctrines que chacune d’elles avait reçues de ses maîtres. Les contemporains craignaient qu’une divergence aussi accentuée dans l’interprétation de la Loi ne produisît dans les esprits la confusion et le désordre. « Il pourra venir un temps, disait-on, où l’on cherchera vainement une prescription fondée sur le texte on la tradition, et où toutes les traditions se contrediront. » Le Synhédrin de Jabné, sous la direction de Gamaliel, soumit donc les questions en litige à une nouvelle délibération. Il examina d’abord les principes qui servaient de base aux doctrines de Hillel et de Schammaï, et il voulut les faire adopter comme lois générales et universellement