Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 3.djvu/260

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découvert dans les temps modernes qu’il existait des signes-voyelles et des accents babyloniens, et que le système de Tibériade n’en était que le plagiat. Quoique ceux qui ont introduit les signes-voyelles dans le texte biblique eussent trouvé l’idée première de leur système chez les chrétiens syriens, ils ne les ont cependant pas servilement imités. Il est vrai que, dans les textes des chrétiens, les consonnes avaient des signes voyelles, mais les Nestoriens en sont restés au système défectueux des points qui rendent la lecture si difficile, et les Jacobites, qui se servent de vrais signes-voyelles, n’employèrent ce système qu’un siècle après les Juifs.

Ni la chronique ni la tradition n’ont conservé les noms des successeurs immédiats des Saboraïm Guiza et Simuna ; ils ont été oubliés au milieu des persécutions qui avaient alors repris contre les Juifs, sous le successeur de Nuschirvan, Hormisdas IV (579-589). À cette époque les mages et les ecclésiastiques rivalisèrent d’intolérance envers le judaïsme ; les prêtres de deux religions dont l’une poursuivait la victoire définitive de la lumière sur les ténèbres et l’autre prêchait l’amour des hommes abusaient de la faiblesse de certains rois pour maltraiter les sectateurs d’un autre culte.

Hormisdas IV ne ressemblait en rien à son père Nuschirvan, il avait les instincts cruels d’un Néron. Tant qu’il resta sous l’influence de son précepteur et conseiller Buzurg-Mihir, un Sénèque perse, qui inventa, dit-on, le jeu d’échecs pour prouver à son maître que tout roi est dépendant de l’armée et de la nation, Hormisdas domina ses mauvaises passions. Une fois son précepteur retiré de la cour, il ne garda plus aucun ménagement. À l’instigation des mages, qui croyaient retarder la chute imminente de leur religion en persécutant les autres croyants, il tourna toute sa colère contre les Juifs et les chrétiens. Les écoles de Sors et de Pumbadita furent fermées et les docteurs obligés, comme sous Peroz et Kavadh, d’émigrer dans d’autres contrées (vers 581). Une partie d’entre eux s’établit à Peroz-Schabur, près de Nehardéa ; cette ville leur offrait un refuge plus sûr, parce qu’elle était gouvernée par un chef arabe. Plusieurs écoles s’organisèrent à Peroz-Schabur, une d’elles a laissé un certain renom, c’est celle de Mari.