Julien bar Sabar. Une autre loi d’exception fut dirigée à la fois contre les Juifs et les Samaritains. Tout en étant exclus de toutes les dignités, ils pouvaient être obligés d’accepter la charge si onéreuse du décurionat (dignité municipale), sans jouir cependant des privilèges attachés à cette charge : l’immunité contre la peine de la flagellation et de l’exil. Qu’ils portent le joug, même s’ils en gémissent, mais qu’ils soient déclarés indignes de tout honneur. Justinien défendit aussi aux Juifs, sous peine d’amende, de célébrer leur Pâque avant les Pâques chrétiennes ; les gouverneurs des provinces étaient chargés de veiller à l’exécution rigoureuse de cet édit. Dans d’autres circonstances encore, Justinien s’immisça dans les affaires religieuses des Juifs. Il se produisit une fois une scission dans une communauté juive, peut-être à Constantinople ou à Césarée. Les uns demandèrent que les chapitres du Pentateuque et des prophètes qu’on lisait en hébreu dans les synagogues fussent lus en même temps en langue grecque pour les illettrés et les femmes. Les rigoristes, et spécialement les docteurs, éprouvaient une certaine aversion à faire usage, à l’office divin, de la langue de leurs persécuteurs, qui était en même temps la langue de l’Église ; ils objectaient aussi que cette innovation ne laisserait plus de temps pour les discours d’édification. La discussion fut très vive, et les partisans du grec allèrent jusqu’à porter le différend devant l’empereur. Justinien se déclara naturellement pour l’introduction de la traduction grecque, et il ordonna aux Juifs de se servir de la version des Septante ou de celle d’Aquila. Dans les synagogues des provinces italiennes, il fallait traduire les chapitres de l’Écriture en langue latine. En outre, Justinien menaça de châtiments corporels les partisans de la vieille liturgie qui excommunieraient leurs adversaires. Ces diverses dispositions peuvent à la rigueur se justifier. Mais l’empereur outrepassa certainement son droit en contraignant toutes les communautés juives de l’empire byzantin, même celles qui ne voulaient pas de cette innovation, à lire la traduction grecque ou latine des chapitres de la Bible récités à l’office divin, et en défendant de rattacher dorénavant à ces chapitres, dans les synagogues, comme cela s’était toujours pratiqué, des discours d’édification. Il croyait qu’en obligeant les docteurs à remplacer l’expli-
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