cation traditionnelle de la Bible, qui affermissait les Juifs dans leur religion, par la lecture de la traduction grecque des Septante modifiée d’après les idées chrétiennes, il faciliterait la conversion des Juifs au christianisme. Dans sa pensée, l’office divin ainsi réglé serait un moyen efficace de propagande chrétienne. Il attachait une importance capitale à cette loi, car il ordonna à son ministre Areobindus de la faire connaître à tous les fonctionnaires impériaux et de les inviter à en surveiller l’application avec un soin tout particulier (13 février 553).
Cette loi perfide n’eut pas les conséquences qu’en attendait l’empereur. La nécessité d’entendre à la synagogue la traduction de la Bible ne se faisait pas sentir, en général, chez les Juifs ; ceux qui avaient réclamé cette réforme restèrent isolés, et, dans les communautés unies, il n’était pas très difficile d’organiser le service divin de telle sorte que les autorités ne s’apercevaient pas de la violation de l’édit impérial. Les prédicateurs continuèrent à faire servir l’Écriture Sainte à l’édification des fidèles, sans craindre de diriger parfois des traits acérés contre leurs oppresseurs. Ils dirent, par exemple, que ce passage des Psaumes : « Là, fourmillent des vers sans nombre, » s’appliquait « aux édits innombrables dirigés par l’empire romain (Byzance) contre les Juifs ; que les grands et les petits animaux représentaient les ducs, les gouverneurs et les généraux, et que quiconque (des Juifs) s’associera à eux deviendra un objet de risée. » — « Il en est des édits d’Esaü (Byzance), dirent-ils encore, comme d’une flèche qu’on lance au loin ; de même qu’on ne remarque la flèche que lorsqu’elle atteint le cœur, de même les édits d’Ésaü sont des traits qui frappent à l’improviste, on ne s’en aperçoit que lorsqu’on annonce que le coupable a encouru la peine de mort ou l’emprisonnement. »
Les Juifs paraissent encore avoir eu à subir une autre ingérence de Justinien dans leur liturgie. Il leur fut interdit de réciter dans les synagogues la prière si importante du rituel qui proclame l’unité de Dieu (le Schema) ; les chrétiens considéraient peut-être cette prière comme une protestation contre la Trinité. On plaça des gardiens dans les temples pour veiller à l’exécution de cette mesure aussi inique que ridicule et empêcher les fidèles de