Dans la Grèce, la macédoine et l’Illyrie, il y avait, de longue date, des Juifs ; les empereurs chrétiens, tout en les opprimant et en les humiliant, leur permettaient d’administrer librement leurs communautés et de juger eux-mêmes leurs procès civils. Chaque communauté avait à sa tête un maire (éphore) juif, chargé de surveiller la vente au marché, les poids et les mesures.
On sait que l’Italie renfermait déjà des Juifs du temps de la République ; ils jouirent dans ce gays du droit de bourgeoisie jusqu’à l’avènement des empereurs chrétiens. Les persécutions qu’ils subirent alors excitèrent leur haine contre les Romains, et il est probable qu’ils assistèrent d’un cœur joyeux à l’invasion des Barbares à la chute de Rome, autrefois la maîtresse du monde, et qu’ils furent contents de pouvoir appliquer à cette ville les lamentations exhalées par le prophète sur Jérusalem : « La reine des nations, la princesse parmi les provinces est devenue tributaire. » Après les Gépides et les Hérules, qui n’avaient asservi Rome que pour un temps très court, arrivèrent les Goths, qui, sous la conduite de leur chef Théodoric, détruisirent la puissance romaine et fondèrent sur ses débris l’empire ostrogoth. Rome cessa alors d’être la capitale de l’Italie, ce fut Ravenne, alternativement avec Vérone, qui devint le centre politique du nouvel empire. Dans ces deux villes, ainsi qu’à Rome, Milan et Gênes, existaient des communautés juives ; il y avait également de nombreux Juifs dans la basse Italie, et notamment à Naples, dans l’île de Sicile, à Palerme, Messine et Agrigente, ainsi qu’en Sardaigne. À Palerme demeuraient quelques familles juives d’ancienne noblesse, qui portaient le nom de Nassas (Nassi).
Les Juifs italiens étaient régis par le code de Théodose II, ils avaient le droit de juger eux-mêmes leurs différends et étaient maîtres de l’administration intérieure des communautés, mais il leur était interdit d’élever de nouvelles synagogues, d’occuper quelque fonction judiciaire ou quelque emploi militaire et de posséder des esclaves chrétiens. Dans la pratique, ces lois restrictives restaient souvent lettre morte, les évêques qui occupaient le siège apostolique et avaient appris des hommes d’État romains l’art de gouverner étaient trop habiles pour se montrer fanatiques ; ils fermaient souvent les yeux pour ne pas avoir à punir les Juifs qui