favorable aux premiers. Il eut pendant longtemps un secrétaire juif. Ces prévenances de la part d’un homme si célèbre flattèrent les Juifs de Médine, — c’est ainsi que s’appelait Yathrib depuis que Mahomet s’y était établi, — et plusieurs d’entre eux, parmi lesquels se trouvait un savant de la tribu de Kainukaa, Abdallah ibn Salam, montrèrent un profond attachement pour celui qui, à leurs yeux, était presque un prosélyte juif et qu’ils croyaient appelé à propager le judaïsme en Arabie. Ces amis, qui lui fournirent une partie de ses révélations, furent appelés Anzar (aides) ; ils continuèrent à observer toutes les pratiques juives, sans que Mahomet s’en formalisât.
Mahomet ne trouva cependant que peu d’adhérents parmi les Juifs ; son égoïsme, son orgueil et ses passions sensuelles éloignaient de lui des hommes auxquels leurs prophètes avaient donné une conception plus élevée d’un envoyé de Dieu. « Regardez-le, disaient les Juifs ; par Dieu ! il n’est jamais rassasié, et les femmes absorbent tous ses soins. S’il est réellement prophète, qu’il s’occupe de sa mission et non des femmes. » Les Juifs disaient encore : « Dieu n’apparaît à ses élus qu’en Palestine, c’est donc là que Mahomet, s’il est prophète, doit accomplir sa mission. » Ou bien : « Tu te vantes d’être de la religion d’Abraham, qui ne mangeait, cependant, ni de viande de chameau, ni du fromage fait avec du lait de chamelle. » Les principaux adversaires juifs de Mahomet étaient : Pinhas ibn Azoura, esprit caustique, qui ne manquait pas une occasion de se moquer de lui ; Kaab ibn Ascharaf ; le poète Abou-Afak, plus que centenaire, qui cherchait à le rendre odieux aux yeux des Arabes ; enfin, Abdallah, fils de Saurah, considéré comme le Juif le plus savant du Hédjaz. Ils raillaient « l’envoyé de Dieu, » tournaient en ridicule ses révélations et ses prédications, et le traitaient avec dédain ; ils ne supposaient pas que le pauvre fugitif de La Mecque, qui était venu implorer du secours à Médine, soumettrait ou exterminerait bientôt leurs tribus ; ils oubliaient que l’ennemi le plus dédaigné est souvent le plus redoutable.
Au commencement, Mahomet parut se montrer indifférent aux attaques des Juifs. « Soyez convenables, dit il à ses partisans, dans vos discussions avec les gens de l’Écriture (Juifs), et dites-leur :