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avoir formé le petit sénat. Il y avait, enfin, un Collège de cent membres qui se subdivisait en deux sections d’inégale importance : le grand synhédrin, composé de soixante-dix membres, et le petit synhédrin, composé de trente membres. La dignité de membre du Collège était héréditaire, mais celle de président était élective.

Le Collège avait perdu graduellement son caractère de corps enseignant pour ne plus être qu’un corps législatif, un vrai parlement. Deux fois par an, au mois de mars et au mois de septembre (adar et elloul), il se réunissait et tenait séance pendant tout un mois. Ces réunions étaient bien consacrées en partie à des controverses théoriques sur un chapitre du Talmud qui avait été désigné d’avance comme devant servir de thème aux discussions du Collège, mais on y poursuivait avant tout un but pratique, on promulguait de nouvelles lois, on instituait de nouvelles pratiques et on délibérait sur les consultations légales adressées au Collège, pendant le semestre, par les communautés du dehors. À la fin de la session, les réponses à ces consultations étaient lues devant les membres réunis, signées par le chef de l’académie au nom de tout le Collège, scellées du sceau de l’école et apportées par des messagers aux diverses communautés qui les avaient provoquées. Toute communauté qui avait ainsi recours aux lumières des docteurs envoyait d’habitude, avec sa demande, de riches dons en argent. Ces dons étaient-ils offerts explicitement pour l’une des deux écoles, l’autre n’en recevait aucune part ; les envoyait-on sans indiquer la destination, l’académie de Sora en recevait les deux tiers, et le troisième tiers était pour l’école de Pumbadita. Cet argent était réparti par le président entre les membres du Collège et les élèves. Outre les présents qu’elles recevaient, les deux académies avaient des revenus réguliers, fournis par les districts qui étaient placés sous leur autorité. L’école de Sora avait dans son ressort le sud de l’Irak avec les deux villes importantes de Wasit et Bassora, sa juridiction s’étendait jusqu’à Ophir (Inde ou Yémen ?) ; elle recueillait encore dans les plus mauvais temps jusqu’à quinze cents deniers d’or (environ 18 000 francs). De Pumbadita dépendaient les communautés du nord jusqu’au Khorassan.