maël, ses adversaires. Cette espérance messianique ne se réalisa pas, le khalifat fut ébranlé mais non détruit par cette guerre civile, Alemin fut tué et Almamoun proclamé seul chef de l’empire.
Sous le règne d’Almamoun (813-833), le culte des lettres et des sciences brilla en Orient d’un vif éclat ; Bagdad, Kairouan, au nord de l’Afrique, et Merv, dans le Khorassan, devinrent des centres scientifiques. Les Juifs ne restèrent pas étrangers à ce mouvement. Ce fut un Juif qui contribua à introduire les chiffres indiens chez les Arabes ; ce savant, qui comprenait l’arabe et l’indien, parvint à décider un mathématicien des Indes à se rendre auprès du khalife et traduisit avec lui en arabe l’ouvrage indien qui contenait la théorie des quatre premières règles de l’arithmétique. Un autre Juif, Sakal, surnommé Rabban (le rabbanite), de Tabaristan, près de la mer Caspienne, médecin et mathématicien (vers 800), traduisit en arabe l’Almageste de l’astronome grec Ptolémée et reconnut, le premier, la réfraction de la lumière. Son fils, Abou-Sakal Ali (835-853), contribua aux progrès de la médecine et fut le maître des deux illustres médecins arabes Razi et Anzarbi.
Une science qui intéressa les musulmans plus vivement que la médecine, les mathématiques et l’astronomie, ce fut l’exégèse du Coran, qui prit le caractère d’une sorte de philosophie religieuse (Kâlam). En essayant de concilier les contradictions du Coran, certains interprétateurs (Motecallémin) arrivèrent à se trouver en opposition avec les orthodoxes, qui les accusèrent d’hérésie. Les Motazilites se préoccupèrent surtout de maintenir la doctrine de l’unité de Dieu, ils refusèrent tout attribut à l’être divin pour qu’on ne fût pas tenté de supposer, par suite de la multiplicité des qualités qu’on lui attribuerait, qu’il y a plusieurs personnes en Dieu. Ils affirmèrent également, le libre arbitre, parce que la croyance à la prédestination leur semblait incompatible avec l’idée de punitions et de récompenses futures. Afin de mettre leurs doctrines d’accord avec le Coran, ils appliquèrent la méthode suivie par les philosophes juifs d’Alexandrie pour introduire les idées de la philosophie grecque dans la Bible, ils donnèrent au texte un sens allégorique. La théologie motazilite, déclarée d’abord hérétique, fut cependant peu à peu acceptée par les musulmans, elle eut ses écoles à Bagdad et à Bassora, et