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Louis ne continua pas moins à traiter les Juifs avec équité et à les défendre contre toute injustice. C’est apparemment du règne de Louis le Débonnaire que date la pensée, généreuse dans son principe, et qui a été appliquée pendant tout le moyen âge, que l’empereur est le protecteur naturel et comme le tuteur des Juifs.

Avec Louis le Débonnaire disparut pour longtemps la situation heureuse des Juifs de France. Il est vrai que Charles le Chauve, fils de Louis et de Judith, qui provoqua le morcellement de l’empire des Francs en plusieurs parties formant les pays de France, d’Allemagne, de Lotharingie (Lorraine) et d’Italie (843), semblait avoir hérité de la prédilection de sa mère pour le judaïsme. Son médecin particulier était un Juif, Zédékias, et il avait aussi un favori juif, Juda. Sous son règne, les Juifs purent continuer à s’occuper librement de trafic et à acquérir des terres. Mais le haut clergé, se considérant humilié tout entier par l’échec de l’évêque Agobard, s’efforçait de nuire aux Juifs.

Leur ennemi le plus acharné fut le disciple et successeur d’Agobard, Amolo, évêque de Lyon. Sa haine contre les Juifs était partagée par Hinkmar, évêque de Reims et favori de l’empereur Charles, par les archevêques de Sens et de Bourges et par d’autres ecclésiastiques. Réunis en concile (848) dans la ville de Meaux, ces prélats, désireux d’augmenter la puissance du clergé au détriment de celle du roi et de réprimer le libertinage des prêtres, décidèrent de remettre en vigueur les anciennes lois canoniques et de soumettre de nouveau les Juifs aux dispositions restrictives prises contre eux. Ils ne désignèrent pas exactement au roi les mesures qu’il devait appliquer aux Juifs, ils se contentèrent de lui indiquer les édits promulgués contre eux depuis Constantin, mentionnant la défense que leur fit Théodose II d’occuper un emploi ou une dignité quelconque, rappelant les décisions des conciles, l’édit du roi mérovingien Childebert qui leur interdisait de fonctionner comme juges ou fermiers des douanes et de se montrer dans la rue pendant la fête de Pâques et leur ordonnait de témoigner en public du respect au clergé. Ils invoquèrent même des décisions synodales prises hors de France, spécialement les dispositions adaptées par les Visigoths contre