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à des études scientifiques ; elles commencèrent cependant à rédiger leurs consultations en arabe, et non plus, comme auparavant, dans un mélange d’hébreu et de chaldéen. Mais, en dehors de l’Irâk, en Égypte et à Kairouan, il se produisit parmi les rabbanites un mouvement scientifique, faible d’abord, puis de plus en plus considérable, qui créa, vers la fin du (ixe siècle, une rivalité heureuse entre caraïtes et rabbanites.

Parmi ces derniers, Isaac ben Soleïmas Israeli (né vers 845 et mort en 940) se distingua particulièrement comme médecin, philosophe et philologue. Originaire d’Égypte, il fut appelé à Kairouan (vers 904) par le dernier prince aghlabite Ziadeth-Allah, qui le nomma son médecin. Il entra au service du fondateur de la dynastie fatimite, Obeïd-Allah, l’imam messianique (le mahdi, prétendu fils d’une Juive), après que ce chef eut défait Ziadeth-Allah ; son maître lui témoigna une vive affection (909-933). Sur le désir d’Obeïd-Allah, il composa huit ouvrages médicaux, dont le meilleur, d’après les personnes compétentes, est son traité sur la fièvre. Plus tard, ces écrits furent traduits en hébreu, en latin, et, en partie, en espagnol ; un médecin chrétien, qui a fondé une école de médecine à Salerne, s’attribua, en plagiaire, la paternité d’une partie de ces ouvrages.

Si Isaac Israeli contribua par ses écrits médicaux au développement de la science médicale, son ouvrage philosophique Sur les définitions et les descriptions ne rendit que très peu de services à la philosophie. Israeli exerça surtout une action profonde, par ses conférences, sur ses auditeurs, et il forma deux élèves distingués, un musulman, Abou Gafar ibn Alguzzar, reconnu comme une autorité dans les questions médicales, et un juif, Dounasch ben Tamim. Israeli devint centenaire et survécut à son protecteur le khalife Obeïd-Allah, qui, mourut pour avoir désobéi, pendant une maladie, à son médecin juif.

À l’époque où Israeli descendit dans la tombe, vers 940, la voie était ouverte, chez les rabbanites, aux études scientifiques, et beaucoup devaient la parcourir dans l’avenir avec éclat. Les caraïtes s’élancèrent, en ce temps, sur les traces des philosophes motazilites, mais ils ne mirent au jour aucune conception féconde ni au-