Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/100

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que leurs douze apures ont pris la place des douze tribus. Certaines croyances des chrétiens paraissent au prince en contradiction trop flagrante avec la raison pour qu’il les adopte ; il ne se fait donc pas chrétien.

Un théologien musulman lui expose alors les principes de l’islamisme. Cette religion croit avec le judaïsme à l’unité et à l’éternité de Dieu et à la création ex nihilo, elle admet, en outre, que Mahomet est le plus grand des prophètes, qu’il a convié tous les peuples à embrasser la vraie foi, promettant aux croyants le paradis avec ses jouissances toutes matérielles, et menaçant les mécréants du feu de l’enfer. Au dire du théologien musulman, la vérité de l’islamisme serait prouvée par ce fait que nul homme ne pourrait écrire un livre parfait comme le Coran. Mais cette circonstance ne suffit pas pour porter la conviction dans l’esprit du roi des Khazars.

En voyant que pour démontrer la vérité de leurs croyances le chrétien comme le musulman ont besoin de s’appuyer sur la Bible, le roi des Khazars se décide, malgré ses préjugés, à consulter un savant juif. Il apprend ainsi que les Juifs adorent le Dieu de leurs ancêtres, Celui qui a fait sortir leurs aïeux de l’Égypte, a accompli des miracles en leur faveur, les a conduits dans la Terre promise et leur a envoyé des prophètes pour les diriger dans la bonne voie. J’avais bien raison, dit alors le roi, d’hésiter à m’adresser aux Juifs. À en juger par le mépris dont ils sont l’objet, je devais prévoir qu’ils ont perdu toute intelligence. Au lieu de m’exposer sèchement une profession de foi qui ne peut avoir de valeur que pour vous, tu aurais du commencer par me dire que vous croyez à un Dieu qui a créé et dirige le monde. — Mais, réplique le juif, des croyances de ce genre ont besoin d’être démontrées par une argumentation longue et difficile, les philosophes ont émis des hypothèses différentes sur la création et la direction de l’univers, tandis que mes assertions n’exigent aucune preuve ; l’authenticité des miracles opérés en notre faveur est affirmée par des témoins oculaires. Après avoir établi et fait admettre ce dernier point, Juda Hallévi pouvait prouver facilement la vérité du judaïsme. Ne sachant que faire de Dieu et de la religion, la philosophie les chasse du monde. Le christianisme et l’islamisme sont en contradiction