juive, chrétienne et musulmane. Si, comme poète, il ressemble au Psalmiste, dans l’exposition de ses idées philosophiques il se rapproche de l’auteur de Job ; seulement il est plus complet. À l’exemple de cet auteur et de Picton, il développe ses idées sous forme de dialogues et rattache son exposé à un fait historique. Son ouvrage théologique, écrit en arabe, fut composé à la suite de la demande que lui adressèrent quelques-uns de ses disciples de faire connaître ses vues sur le judaïsme rabbanite et de le défendre contre les objections soulevées contre cette religion par la philosophie, le christianisme, l’islamisme et le caraïsme.
Un païen, aussi ignorant de la philosophie scolastique que des trois religions existantes, éprouve un jour le désir de se rattacher plus étroitement à son Créateur. Après un examen attentif, il est convaincu de la vérité du judaïsme. Ce païen est Boulan, le roi des Khazars, qui se convertit, en effet, à la foi juive. Tel est le point de départ historique choisi par Juda Hallévi pour l’exposé de ses doctrines. De là aussi le nom de Khozari donné à cet exposé.
L’auteur suppose que le roi des Khazars, sincèrement attaché au culte des idoles et animé des meilleurs sentiments, vit plusieurs fois en rêve un ange qui lui dit : Tes intentions sont, excellentes mais ta conduite est détestable. Pour connaître alors la manière dont Dieu veut être adoré, il s’adresse d’abord à un philosophe. Celui-ci, imbu en partie des idées d’Aristote et en partie des doctrines platoniciennes, enseigne au roi que la divinité est trop élevée pour se mettre en rapport avec l’homme ou pour lui demander de l’adorer. Peu satisfait de cette doctrine, le roi des Khazars sollicite les représentants du christianisme et de l’islamisme de lui faire connaître enfin la vraie foi. Il ne daigne pas consulter les Juifs parce qu’à ses yeux, l’état d’abaissement où ils se trouvent prouve avec évidence l’infériorité de leur religion.
Il apprend par un prêtre chrétien que le christianisme accepte toutes les prescriptions de la Thora et des autres écrits sacrés du judaïsme, et qu’il admet comme dogme fondamental l’incarnation de Dieu dans le sein d’une vierge descendant de la famille royale des Juifs. Les chrétiens croient aussi que le Fils de Dieu ne fait qu’un avec le Père et le Saint-Esprit, et ils adorent cette trinité comme le Dieu-Un ; ils prétendent qu’ils sont les vrais israélites et