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étaient accusés, et il les condamna tous à être brûlés vifs. Ils étaient déjà sur le bûcher, entourés de flammes, quand un prêtre chrétien leur promit la vie sauve s’ils acceptaient le baptême ; ils refusèrent. Trente-quatre hommes et dix-sept femmes périrent ainsi dans les flammes, proclamant jusqu’à leur dernier souffle l’unité de Dieu et la grandeur de leur religion (20 siwan 1171). Pulcelina fut également mise à mort.

Sur l’ordre de Jacob Tam, le jour où succombèrent les martyrs de Blois fut érigé en jour de jeûne et de deuil. La célébration de cet anniversaire perpétua ainsi le souvenir de la première accusation de sang dirigée contre les Juifs. Combien de fois, depuis, les Juifs n’ont-ils pas été accusés de se servir de sang chrétien pour Pâque ! Des milliers de martyrs ont péri, victimes de cette odieuse calomnie.

Avec Jacob Tam disparaît la force créatrice de l’école française, et avec Ibn Ezra l’originalité de l’école espagnole. Un homme va paraître, Moïse ben Maïmoun, qui réunira en lui les qualités de ces deux écoles et exercera une action profonde sur le judaïsme tout entier.


CHAPITRE VI


Situation des Juifs à l’époque de Maïmonide
(1171-1205)


L’histoire des Juifs entre maintenant dans cette période néfaste où de sombres nuages s’amoncellent sur la maison de Jacob et obscurcissent son horizon ; où peuples et princes, hommes libres et serfs, grands et petits, se réunissent au nom de Dieu contre tes malheureux descendants d’Israël pour les accabler de leurs outrages et les faire périr dans les tortures ; où les papes font attacher un signe d’infamie aux vêtements des Juifs et des Juives pour les exposer à la raillerie et au mépris. À cette époque, les