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qu’elle dut à la direction d’un homme éminent, Samuel, fils d’Ali Hallévi, talmudiste très savant. Vaniteux de sa science, il s’entourait, pour enseigner, d’une pompe toute orientale. Au milieu de ses deux mille élèves, il était assis sur une espèce de trône ; habillé de soie et d’or, et parlant à un interprète, qui était chargé de répéter ses paroles à ses disciples. Il exerçait également les fonctions de chef de tribunal, et tous les lundis il rendait la justice avec le concours de neuf assesseurs.

Après la mort de l’exilarque Daniel, Samuel Bar-Ali s’arrogea de nouveaux droits, nommant les rabbins et les juges, et percevant les impôts des communautés. Il savait, du reste, imposer son autorité parla violence ; il disposait de soixante esclaves pour infliger la bastonnade aux récalcitrants. C’est ainsi que Samuel Bar-Ali devint peu à peu le chef incontesté de tous les Juifs d’Asie, depuis Damas jusqu’aux Indes et depuis la mer Caspienne jusqu’à l’Arabie.

Pendant que Samuel était à la tête du judaïsme asiatique, des députés d’un peuple païen du Caucase (des Tartares ?) vinrent lui annoncer que sept de leurs princes avaient résolu d’embrasser le judaïsme (vers 1180-1185) et lui demandèrent de lui envoyer des rabbins pour instruire le peuple dans sa nouvelle foi. Petahya, de Ratisbonne, voyageur digne de foi, qui raconte ce fait, vit de ses propres yeux les députés du Caucase. De pauvres talmudistes de Babylone se décidèrent à accompagner les messagers dans leur pays.

Les Juifs d’Égypte vivaient tout à fait indépendants des Juifs d’Asie, ils avaient un chef à eux, reconnu par le khalife et exerçant des fonctions religieuses et judiciaires avec le titre de Naguid ou Reïs. Il nommait les rabbins et les officiants, jugeait les délits et les crimes, et avait le droit de condamner à l’amende, à la bastonnade ou à la prison. Les communautés lui payaient un traitement fixe, et, en outre, il était payé comme juge par les parties qui comparaissaient devant lui.

À cette époque, le chef du judaïsme égyptien s’appelait Nathanael (en arabe Hibat-Allak ibn Aldjami) ; il fut médecin, d’abord d’Aladhid, le dernier khalife fatimide d’Égypte, et ensuite de Saladin. Il a composé plusieurs ouvrages. médicaux en arabe. Très