instruit, il dirigeait l’école juive du Caire, la capitale de l’Égypte.
Cette ville renfermait alors deux mille familles juives. Il y existait aussi une communauté caraïte, plus considérable encore, dit-on, que celle des rabbanites et ayant également à sa tête un homme qui s’était à la fois chef religieux et juge, et portait le titre de Nassi ou Reïs.
Une autre communauté importante était celle d’Alexandrie, qui comptait trois mille membres.
La civilisation des Juifs d’Égypte n’était pas bien brillante. Le peuple connaissait si peu sa religion qu’il adoptait constamment des usages caraïtes. Et cependant c’est en Égypte, au milieu de ces Juifs ignorants, que se rencontra un homme dont le nom brilla d’un éclat sans pareil et qui fit de l’Égypte le centre du judaïsme. Cet homme fut Moïse ben Maïmoun.
Dans les trente dernières années du XIIe siècle, le judaïsme semblait ne plus posséder de centre de ralliement et être prêt à s’émietter. Dans le sud de l’Espagne, devant l’intolérance des Almohades, tous les Juifs avaient disparu ou se couvraient du masque de l’islamisme. Les communautés de Tolède et des autres villes de l’Espagne chrétienne étaient de création trop récente pour exercer aucune influence sérieuse. Les communautés du sud de la France étaient dans la période de formation, celles du nord s’adonnaient exclusivement à l’étude du Talmud et n’étaient, du reste, jamais sûres du lendemain. Les Juifs d’Allemagne étaient serfs du gouvernement impérial, et ceux des autres pays de l’Europe ne comptaient même pas. En Asie, l’exilarcat, rétabli par le caprice d’un khalife, avait une existence trop précaire pour exercer quelque action sur les Juifs d’Europe. Le judaïsme paraissait être