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prier sur l’emplacement du temple, et de là ils se rendirent en Égypte. Quelques mois après son arrivée dans ce pays, au commencement de 1166, Maïmoun mourut. Sa célébrité et celle de son fils étaient telles que la famille reçut de nombreuses lettres de condoléances d’amis de l’Afrique et de l’Espagne chrétienne.

Au Vieux-Caire (Fostat), où elle était établie, la famille de Maïmoun se livrait au commerce des pierreries. C’était David, le plus jeune des frères, qui s’occupait principalement des affaires, faisant de fréquents voyages et allant jusqu’aux Indes. Moïse se consacrait surtout à la science. Il fut bientôt arraché au calme de ses chères études par de terribles épreuves. Son frère David périt dans un naufrage, dans la mer des Indes, et avec lui disparut non seulement la fortune de toute la famille, mais aussi une somme considérable que des étrangers lui avait prêtée pour son commerce. Le coup fut si rude pour Maïmonide qu’il en tomba malade.

Son abattement ne dura pas longtemps. Son inébranlable confiance en Dieu, son amour passionné pour la science, l’obligation de protéger sa famille et celle de son frère lui inspirèrent une vaillante énergie. Pour subvenir aux besoins des siens, il commença alors à pratiquer la médecine.

Ses nouvelles occupations ne le détournèrent pas de son commentaire sur la Mishna, qu’il avait commencé à vingt-trois ans et qu’il continuait depuis, au milieu de toutes ses pérégrinations. Cette œuvre, écrite en arabe et intitulée Siradj (Luminaire), fut terminée en 1168. Elle avait pour but de faciliter l’étude de la tradition orale, obscurcie par des discussions sans fin et des interprétations erronées, et d’en élucider les points difficiles par des explications brèves et claires.

Maïmonide fut le premier à appliquer la méthode scientifique à l’explication du Talmud. Il fallait un esprit net et méthodique comme le sien pour accomplir une telle lâche, rendue particulièrement difficile par le désordre qui semble régner dans le Talmud. Ce sont surtout les introductions lumineuses placées en tète des divers traités de la Mishna qui sont empreintes d’un caractère vraiment scientifique.

Dans son commentaire, Maïmonide traite avec prédilection les