Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/149

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partie des lois relieuses ne constitue pas une apostasie. Du temps des prophètes, les Juifs, tout en adorant des idoles, continuèrent néanmoins à être considérés comme représentant le peuple de Dieu. Nous, ajouta-t-il, nous ne commettons aucun acte d’idolâtrie, nous exprimons une formule rague, à laquelle nous n’attachons aucune importance et que nous ne prononçons, au su des musulmans eux-mêmes, que pour tromper un maître fanatique. Le Talmud, il est vrai, ordonne de mourir plutôt que de devenir idolâtre, il prescrit même de subir, dans certaines circonstances, le martyre plutôt que de transgresser une loi quelconque. Mais ceux qui n’ont pas le courage d’affronter la mort pour la défense de leur religion ne méritent aucun châtiment, même au point de vue talmudique, et ne cessent nullement d’être juifs. L’homme qui pêche par contrainte n’est pas coupable ; sous la pression de la violence, l’idolâtrie même est permise. Dans le cas présent, il existe encore pour les Juifs une autre circonstance atténuante : c’est que la transgression ne se commet pas en acte, mais simplement par la parole. On n’exige pas des Juifs d’abjurer réellement le judaïsme, mais de confesser que Mahomet est un prophète. Cette confession faite, on les laisse à peu près libres de pratiquer leur religion dans leur intérieur. Sans doute, il est très méritoire de subir le martyre plutôt que de se résigner même â cette déclaration ; mais, même d’après le Talmud, on n’a pas le droit d’imposer un pareil sacrifice. Cette réplique de Maïmonide, qui était en même temps un plaidoyer pour lui et sa famille, fut composée entre 1160 et 1464. Elle montre déjà en germe la façon originale dont Maïmonide concevait le judaïsme.

Outre la publication de son ouvrage, Maïmonide parait avoir employé également la persuasion directe pour maintenir l’amour du judaïsme dans le cœur des faux convertis musulmans et stimuler leur zèle pour leur ancienne religion. Dénoncé aux autorités, il aurait payé de sa vie son attachement à sa foi sans l’intervention d’un poète et théologien arabe, Abou-l-Arat ibn Moïscha.

Préoccupés des dangers qui menaçaient leur sécurité, peut-être aussi pressés par le remords, Maïmoun et sa famille se décidèrent à partir de Fez pour la Palestine. Après un séjour assez court à Akko (Saint-Jean-d’Acre) ; ils se dirigèrent vers Jérusalem pour