Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/160

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la troisième croisade, voulut le nommer son médecin. Maïmonide refusa sa proposition.

Vers 1187, Maïmonide courut un grand danger. Abou-l-Arab ibn Moïscha, ce théologien arabe qui avait sauvé la vie de Maïmonide à Fez, l’accusa, en le retrouvant juif au Caire, d’avoir pratiqué pendant longtemps l’islamisme et voulut le faire condamner comme relaps. C’était pour Maïmonide une question de vie ou de mort. Son protecteur Alfadhel, devant qui il comparut, l’acquitta en déclarant qu’une foi imposée par la violence n’avait aucune valeur et pouvait être abandonnée impunément. Grâce à l’appui de ce même Alfadhel, Maïmonide fut nommé chef (naguid) de toutes les communautés juives de l’Égypte, et cette dignité se transmit dans sa famille de père en fils, jusqu’au XIVe siècle.

Toujours dévoué aux intérêts de ses coreligionnaires, Maïmonide employa son influence en faveur des Juifs du Yémen, pour améliorer leur situation. Il obtint aussi de Saladin, qui venait de reprendre Jérusalem, l’autorisation pour les Juifs de s’établir de nouveau dans la ville sainte. Enfin, il s’efforça de faire confier les emplois publics aux rabbanites plutôt qu’aux caraïtes, dont il parvint, à la grande satisfaction de ses contemporains, à ramener quelques-uns au rabbinisme.

La réputation toujours croissante de Maïmonide excita de plus en plus la jalousie de Samuel ibn Ali, l’obscur chef d’école de Bagdad, qui guettait l’occasion de nuire à la gloire de l’illustre docteur. Lui et ses amis se chuchotèrent d’abord à l’oreille que Maïmonide n’était pas un pratiquant assez sévère ni un partisan sincère du Talmud, puis ils répandirent discrètement ces calomnies. Le terrain ainsi préparé, ils purent exploiter contre Maïmonide l’irritation produite par certaines assertions de disciples trop téméraires.

Il y avait, en effet, à Damas et dans le Yémen, des rabbins qui tiraient des œuvres de Maïmonide des conséquences que lui-même n’aurait certainement pas admises. Comme il avait déclaré avec insistance, et à plusieurs reprises, que l’âme était immortelle et immatérielle dans le monde futur, tandis qu’il avait à peine parlé de la résurrection des corps, ces rabbins en concluaient qu’il n’admettait pas sérieusement cette résurrection, mais que, d’après