Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/167

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la mort des derniers docteurs du Talmud, disait-on en Provence, il ne s’est pas rencontré une telle personnalité en Israël. — Dieu a créé cet homme, disait-on encore, pour réveiller son peuple de la torpeur qui commençait à l’engourdir. Et le poète Harizi écrivit sur lui ces vers hyperboliques :

Tu es un ange du ciel
Créé à l’image de Dieu,
Quoique tu aies un visage humain.

Plusieurs communautés et notabilités de Provence le consultèrent sur toutes sortes de questions, et les savants de Lunel, présidés par Jonathan Kohen, lui écrivirent pour lui demander de leur envoyer le Guide. Maïmonide ne put répondre que quelques années plus tard à leur lettre si flatteuse, une grave maladie l’avait retenu au lit pendant une année entière et avait encore diminué ses forces, déjà bien affaiblies par l’âge et ses nombreuses occupations. En même temps, il fut troublé dans sa sécurité, à la mort de Saladin, son protecteur, par les rivalités qui éclatèrent entre les fils et le frère du défunt, et qui amenèrent de graves désordres en Égypte.

À la fin, l’aîné des fils de Saladin, nommé Alafdal, put occuper sans contestation le trône de son père (1200), et il attacha Maïmonide comme médecin à sa personne. Épuisé par une vie d’excès et de débauche, ce prince pria Maïmonide de l’aider de ses conseils pour lui faire recouvrer les forces et la santé. Maïmonide composa à son usage un recueil de règles hygiéniques, ou il avait le courage de l’avertir que, pour fortifier le corps, il est nécessaire d’affermir l’âme et de la préserver de toute pensée impure.

Samuel ibn Tibbon, le principal représentant de la culture juive en Provence, écrivit à Maïmonide qu’il avait entrepris de traduire le Guide de l’arabe en hébreu, et qu’il serait heureux de pouvoir aller le voir. Maïmonide accueillit cette communication avec une joie profonde, car il désirait depuis longtemps voir traduire en hébreu ses ouvrages arabes.

Dans la réponse qu’il adressa à la communauté de Lunel, Maïmonide l’engagea ainsi que les autres Juifs de Provence à étudier le Talmud : Vous, habitants de Lunel, et Juifs des villes voisines,