Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

première moitié du XIIIe siècle, le Guide, à l’instigation de l’empereur Frédéric II, avait déjà été traduit en partie en latin. Si, à cette époque, les dominicains avaient été maîtres des personnes, comme ils le furent plus tard, ils auraient brûlé les Juifs eux-mêmes ; pour le moment, ils se contentèrent de brûler les livres. Les écrits de Maïmonide furent recherchés soigneusement dans toutes les maisons juives de Montpellier et détruits par le feu.

Cet événement réunit les rabbins des deux côtés des Pyrénées dans une commune indignation contre Salomon et ses partisans. C’était là une trahison qui excita la colère de toutes les notabilités juives d’Espagne et de Provence. Kimhi, qui était alors à Burgos, fit demander à Juda ibn Alfahar s’il continuait à protéger son ami Salomon de Montpellier. Nahmani et Meïr Aboulafia, confus, craignaient d’élever la voix. La cause du fanatique rabbin était jugée. Personne n’osait prendre sa défense. Même Yona Girondi, son plus zélé partisan, se repentait de l’appui qu’il lui avait donner et fit vœu de se rendre en pèlerinage à Tibériade, sur le tombeau de Maïmonide, pour invoquer le pardon de l’outrage qu’il avait contribué à infliger à sa mémoire. À Barcelone, sur le conseil du philosophe et poète Abraham ben Hasdaï, les chefs de la communauté introduisirent l’usage de lire et d’expliquer chaque sabbat un chapitre du Guide. On fit connaître cette coutume aux communautés de Castille, d’Aragon, de Léon et de Navarre.

À la suite de l’autodafé des œuvres de Maïmonide, de cruelles représailles furent exercées à Montpellier contre les délateurs, pour mettre fin à leur campagne de calomnies contre les partisans de Maïmonide. Parmi ceux qui furent convaincus de délation, plus de dix eurent la langue coupée. On a, du reste, peu de détails sur ces faits douloureux.

Dans l’espoir d’apaiser l’agitation produite par la lutte des maïmonistes et des antimaïmonistes et de raffermir la foi, singulièrement ébranlée par ces discussions, un rabbin du nord de la France, Moïse de Coucy, savant talmudiste et partisan convaincu de Maïmonide, entreprit de nombreux voyages à travers la Provence et l’Espagne, pour agir sur les communautés par la prédication. L’idée de s’imposer cette mission lui avait sans