Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/189

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doute été suggérée par l’exemple des moines prêcheurs, qui allaient de ville en ville combattre avec succès l’incrédulité. Moise réussit à ramener des milliers de Juifs à l’accomplissement des pratiques religieuses, qu’ils avaient délaissées ou oubliées. En Espagne, il parvint même à faire rompre les mariages contractés avec des chrétiennes ou des musulmanes (1236). Il ne faut cependant pas attribuer ces conversions à ses prédications seules. Il régnait, à cette époque, chez les Juifs comme chez les chrétiens, des craintes superstitieuses engendrées par des songes, des phénomènes extraordinaires de la nature, etc., qui durent faciliter singulièrement la tâche du prédicateur.

Moise de Coucy ne s’appliquait pas seulement, dans ses sermons, à montrer la nécessité d’observer les lois cérémonielles, il prêchait aussi la loyauté et la probité dans les relations avec les chrétiens, et il conseillait à ses auditeurs d’être modestes, conciliants, leur faisant comprendre le prix inestimable de la paix. Il ne craignait pas de proclamer publiquement la haute valeur de Maïmonide et de le comparer aux gaonim. Malheureusement, le débat sur Maïmonide ainsi que sur les avantages et les inconvénients de la liberté de penser n’était pas prés de flair, et le judaïsme se ressentit pendant des siècles, et de la façon la plus fâcheuse, des conséquences de ces discussions.

Un des effets les plus funestes de cette scission fut certainement le développement de cette fausse science dont il a été question plus haut et qui, tout en étant de date très récente, faisait remonter son origine à la plus haute antiquité. En contradiction, par ses tendances, avec l’esprit du judaïsme, elle se déclarait la vraie doctrine d’Israël, et, tout en ne s’appuyant que sur des mensonges, elle prétendait être la seule et unique expression de la vérité. La Cabale, comme on appelait cette nouvelle doctrine, est née de la lutte entre les maïmonistes et les antimaïmonistes, elle date donc du commencement du siècle. Les plus anciens adeptes de cette science mystérieuse affirmaient eux-mêmes qu’ils l’avaient reçue de R. Isaac l’aveugle ou de son père Abraham ben David, de Posquières. Ils avouaient aussi que la doctrine cabalistique ne se trouve explicitement ni dans la Bible, ni dans le Talmud.