Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/192

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peut pas concevoir n’existe pas pour elle. Donc, pour manifester son existence et rendre sa présence visible, Dieu devait ou voulait agir et créer.

Mais le En-Sof n’a pas pu créer le monde sublunaire, car le parfait, l’infini, ne peut pas produire directement ce qui n’est ni parfait ni illimité. Dieu ne peut donc pas avoir été le créateur immédiat de l’univers. Mais, grâce à la lumière radieuse dont il resplendit, le En-Sof a laissé rayonner hors de lui une substance spirituelle, une force, une puissance qui, par cela même qu’elle émane de lui, participe à sa perfection. Cependant, cette émanation ne peut pas être absolument pareille au En-Sof, qui l’a engendrée, car elle n’est plus la source même, elle n’est qu’un dérivé. Elle n’est pas identique au En-Sof elle lui ressemble seulement, c’est-à-dire qu’à côté de sa perfection, elle a aussi une partie imparfaite. Ce premier produit du En-Sof est appelé par la Cabale, Sefira, nom qui peut signifier nombre ou sphère. De cette première substance ou Sefira émane une deuxième, qui, à son tour, donne naissance à une troisième, et ainsi de suite jusqu’à la dixième. La Cabale admet donc l’existence de dix substances spirituelles ou puissances ou êtres intermédiaires ou organes, qu’elle nomme les dix Sefarot et qui sont les manifestations extérieures de la divinité.

Ces dix substances forment entre elles et avec le En-Sof une unité parfaite, elles ne sont que les différentes faces d’un seul et même être. C’est ainsi que le feu produit la flamme, la lumière et l’étincelle, lesquelles, tout en apparaissant sous des formes diverses, sont la même substance. Les dix sefirot, qui se distinguent les unes des autres comme les diverses couleurs d’une même lumière, et qui ne sont que des émanations de la divinité, restent dépendantes de leur source et, par conséquent, ne sont pas illimitées. Elles ne peuvent agir qu’autant que le En-Sof leur en donne le pouvoir.

C’est à l’aide des dix sefirot que Dieu se rend visible ou se présente sous une forme corporelle. Aussi, quand les Saintes Écritures disent : Dieu descendit sur la terre, Dieu marcha, ce n’est pas la divinité elle-même, mais les sefirot qui ont accompli ces actes. La fumée des victimes offertes sur l’autel n’a pas été respirée