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un médecin juif, Isaac ben Mardochée, qui portait aussi le nom de Maestro Gayo.

Le mouvement intellectuel qui se produisit alors parmi les Juifs d’Italie eut pour principal promoteur Hillel de Vérone (né vers 1220 et mort en 1295). Témoin des conséquences désastreuses qui résultèrent de la guerre injuste faite à Maïmonide, il conçut pour ce docteur une vénération profonde. Chose rare à cette époque parmi les Juifs, il savait écrire en latin, et même son style hébreu renfermait des constructions et des expressions empruntées au latin. Sa prose hébraïque était simple, claire, précise, sans cette phraséologie creuse et ampoulée qui était de mode en ce temps. Il exerçait la médecine, d’abord à Rome, ensuite à Capoue et à Ferrare, et, quand il fut devenu vieux, à Forli.

Hillel de Vérone étudia avec ardeur les œuvres philosophiques de Maïmonide, sans cependant cesser de rester fidèle au judaïsme orthodoxe. Il acceptait à la lettre les miracles rapportés par la Bible et le Talmud et se refusait à les considérer comme de simples allégories.

À cette époque, on trouvait encore deux autres philosophes juifs en Italie, plus profonds penseurs peut-être que Hillel. Avec de tels chefs, le judaïsme italien n’offrait pas de terrain favorable à un adversaire de Maïmonide, et Salomon Petit dut quitter l’Italie sans y avoir recruté de partisans.

De retour à Saint-Jean d’Acre, où il revenait avec une lettre de rabbins allemands condamnant les œuvres philosophiques de Maïmonide, Salomon Petit essaya de ramener au combat ses anciens compagnons de lutte, que l’attitude énergique du rabbin de Damas, Yischaï, avait effrayés, et d’obtenir qu’on excommuniât tous ceux qui étudieraient le Guide. La petite secte des cabalistes palestiniens se croyait assez puissante pour étouffer dans le judaïsme l’esprit de libre examen. Ce furent eux, sans doute, qui remplacèrent à Tibériade l’épitaphe élogieuse du tombeau de Maïmonide par ces paroles outrageantes : Ici repose Moïse Maïmonide, hérétique et excommunié. Malgré leur fanatisme et leur audace, ils rencontrèrent à Saint-Jean d’Acre même de nombreux adversaires, qui protestèrent avec énergie contre leur conduite scandaleuse. Des paroles et des écrits on passa bientôt aux voies