Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/226

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de fait. Le bruit de ces violentes discussions se répandit en Europe et y produisit la plus pénible impression.

À la tête des défenseurs de Maimonide se trouvait Hillel de Vérone. Pour mettre un terme aux luttes continuelles qui recommençaient sans cesse entre maïmonistes et antimaïmonistes, il émit l’idée, qu’il avait sans doute empruntée aux chrétiens, de soumettre les écrits de Maimonide à un synode. Il proposa donc à David Maimonide et aux communautés de l’Égypte et de la Babylonie (Irak) de convoquer en un concile les plus célèbres rabbins de l’Orient, qui examineraient la valeur des accusations lancées par Salomon Petit et ses acolytes contre le Guide. Pour lui, il était convaincu que ces accusations étaient de pures calomnies.

Il ne fut pas besoin d’un effort aussi considérable pour faire échouer les projets des obscurantistes de Saint-Jean d’Acre, car Salomon Petit et ses complices se trouvaient sans appui sérieux en Orient.

Dès que David Maïmonide eut été informé de leurs desseins, il se rendit immédiatement à Saint-Jean d’Acre, où une grande partie de la communauté se déclara en faveur de son grand-père. Après ce premier succès, il envoya des lettres dans tous les pays pour défendre la mémoire de son aïeul contre les fanatiques qui essayaient de la flétrir. Partout on l’encouragea dans ses démarches. L’exilarque de Mossoul, nommé David ben Daniel, qui faisait remonter son origine jusqu’à David et dont l’autorité s’étendait également sur les communautés de l’autre cité du Tigre, menaça Salomon Petit de la plus rigoureuse excommunication s’il ne s’abstenait pas dorénavant d’attaquer les œuvres de Maïmonide (Iyyar 1289). Onze rabbins signèrent avec lui cette lettre de menaces. L’exilarque de Damas, Yischaï ben Hiskiyya, qui, déjà une première fois, avait blâmé les agissements de Salomon Petit, se jeta aussi de nouveau dans la mêlée. D’accord avec les douze membres de son collège, il prononça l’excommunication (juin 1289) contre quiconque outragerait la mémoire de Maimonide ou déclarerait ses œuvres hérétiques. Tous ceux qui possédaient des écrits hostiles à l’auteur du Guide étaient tenus de les remettre à David Maïmonide ou à ses fils, pour en empêcher la propagande. Il était enjoint à tout Juif de Saint-Jean d’Acre d’user de tout moyen