Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/277

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une telle assistance, ce fut naturellement Abner qui eut gain de cause. Le roi Alphonse décréta (25 février 1336) que dorénavant il serait interdit, sous peine d’amende, aux Juifs de Castille de réciter le passage incriminé. Les adversaires des Juifs triomphaient, ils étaient parvenus à s’assurer l’appui d’un des rares monarques qui, jusqu’alors, se fussent montrés bienveillants pour les Juifs. Aussi la situation de ces malheureux allait-elle devenir de plus en plus douloureuse.

Parmi les favoris du roi se trouvait Gonzalo Martinez d’Oviedo, autrefois pauvre chevalier, qui devait sa situation élevée à Don Joseph d’Ecija. Au lieu de témoigner de la reconnaissance à son bienfaiteur, Gonzalo le haïssait profondément et, avec lui, tocs les Juifs. Quand il fut devenu ministre du roi et grand-maître de l’ordre d’Alcantara (1337), il conçut le projet d’exterminer les Juifs de Castille. Il commença par insinuer perfidement au roi que Don Joseph et Don Samuel ibn Wakar avaient amassé d’immenses richesses dans les fonctions qu’ils occupaient, et il obtint l’autorisation de prendre toutes les mesures qu’il jugerait nécessaires pour leur faire rendre gorge. Sur son ordre, les deux favoris juifs, ainsi que deux frères d’Ibn Wakar, huit autres parents des inculpés et leurs familles furent jetés en prison et leurs biens confisqués. Don Joseph d’Ecija mourut en prison et Don Samuel succomba aux tortures qui lui furent infligées. Après ce premier succès, Gonzalo intrigua contre deus autres Juifs, Moïse Abudiel et (Soleïman ?) Ibn Yaïsch, qui occupaient également des situations élevées.

Gonzalo croyait alors le moment opportun pour attaquer efficacement la totalité des Juifs de la Castille. Pendant une campagne dirigée contre Grenade, à laquelle il prit part en qualité de général, il engagea le roi à imiter Philippe le Bel, qui s’était procuré des ressources considérables en chassant les Juifs de France et en s’appropriant leurs biens. Ce conseil fut heureusement combattu par les ministres du roi et même par les prélats. L’archevêque de Tolède fit remarquer que tant qu’ils habiteraient la Castille, les Juifs seraient un vrai trésor pour le roi, et chie, du reste, ils avaient toujours trouvé protection auprès des souverains du pays. Sur l’ordre de Don Moïse Abudiel, qui avait eu vent du danger qui