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Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/282

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Avignon, où résidaient alors les papes. Il n’était donc pas soumis ii l’autorité directe du roi de France et, par conséquent, ne fut pas atteint par le décret d’expulsion que ce souverain prit contre les Juifs de son royaume. II ne souffrit pas, non plus, des violences des Pastoureaux. Ce fut précisément à cette époque que commença son activité littéraire, qui dura pendant plus de vingt ans (1321-1343). Son principal ouvrage est son traité de théologie, où il expose les conceptions métaphysiques les plus hardies avec un calme et une sérénité de philosophe, sans se soucier des graves inconvénients qu’elles pouvaient avoir pour sa tranquillité. Tout en sachant qu’il risquait d’être excommunié, il proclamait hautement ce qu’il considérait être la vérité même si cette vérité contredisait la Tora. Notre Loi, disait-il, n’est pas despotique, elle ne veut pas faire accepter l’erreur pour la vérité, elle cherche surtout à nous conduire à la connaissance du vrai.

Parmi les penseurs juifs, Gersonide n’a d’égal que Spinoza pour la franchise et la sincérité. Il n’admettait de mystère ni en science ni en religion, mais recherchait partout la lumière et la vérité. Il n’acceptait pas plus sans examen toutes les assertions de la Tora glue celles des autorités philosophiques, et souvent il opposait ses propres vues à celles de Maïmonide, d’Averroés et même d’Aristote.

Malgré sa grande valeur, Gersonide n’exerça que peu d’influence sur le judaïsme. Manquant d’égards, dans l’expression de ses opinions, pour les croyances traditionnelles, hésitant à admettre le système biblique de la création, il passa pour hérétique aux yeux des orthodoxes. Ses Combats du Seigneur, Milhamot Adonaï, furent appelés Combats contre le Seigneur. Par contre, il jouit d’une grande estime auprès des savants chrétiens. Il était encore en vie quand le pape Clément VI fit traduire de l’hébreu en latin son traité sur l’astronomie et son étude sur l’instrument qu’il avait inventé (1342).

À côté de Gersonide, il faut également mentionner Moïse de Narbonne, appelé Maestro Vidal. Partisan enthousiaste de la philosophie, Vidal Narboni partageait son admiration entre Maïmonide et Averroës, et il commenta en grande partie les œuvres de ces deux philosophes. Il voyagea beaucoup, se rendant du pied des Pyrénées jusqu’à Tolède et retournant à Soria (1345-1362), et